Le Mans – Tours

Nous partîmes de bon matin, dans le brouillard et sous les feux des mass media, et nous nous retrouvâmes à deux en arrivant au port, les microbes et surtout la difficulté de l’étape n’ayant épargné personne malgré la beauté des coteaux du Loir.

Il était donc dix heures sur le parking du bâtiment le plus symbolique de l’université du Mans, celui de physique-chimie qui héberge les deux instituts CNRS du site, le LAUM et l’IMMM, et qui est en attente de rénovation, sans cesse reportée faute de crédits d’état. Une voiture suiveuse était présente, avec du matériel lourd : roues complètes, chambres à air, pneus de divers diamètres, rustines, pompes, démonte-pneu, dérive chaîne, tournevis, clef Allen,  à pédales, à moyeux, à rayons,  et à molette, chaîne, plaquettes de freins, câbles de freins et de dérailleur, réchaud, casseroles, eau minérale, barres énergétiques, haricots abricots secs, Ramen et café soluble, bref, la base. Tout s’est avéré inutile sauf la nourriture de base du chercheur, ce qui n’aurait évidemment pas été le cas si nous avions oublié quelque chose, comme le sait tout cyclotouriste. Ah si, le tournevis a permis de déboucher une bière à un type rencontré  à Tours (authentique).

Le départ a été fortement retardé par la présence des journaux locaux, à qui, chacun notre tour, nous avons fait part de nos doléances sur le crédit impôt recherche, la précarité, la durée entre la recherche fondamentale et les applications, l’intérêt des humanités pour une société. Nous avons brièvement décrit  nos recherches sur de nouveaux agents anticancéreux (pourquoi les citoyens ne veulent-ils pas que nous soyons financés sans intermédiaires ?), sur les nanoparticules qui, 20 ans après avoir été des curiosités de laboratoire, trouvent désormais  leur application un peu partout, en particulier dans les automobiles pour lesquelles Le Mans est célèbre, y compris d’ailleurs pour pouvoir en réduire la pollution.   Le président El Guerjouma a exposé avec brio le mécanisme du GVT mal initialisé à l’économie, le modèle Sympa qui fait que le ministère lui même reconnaît qu’il manque plus de 100 postes dans notre université, et les différents principes qui font que tout nouveau poste créé, voire tout départ en retraite, sert surtout à combler un trou financier qui ne devrait pas exister, au détriment de la qualité du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Certaines filières seront sans doute fermées ou limitées l’année prochaine faute de moyens (28 étudiants minimum par groupe…et 1 groupe maximum !)

La traversée du petit cortège pavoisé aux couleurs de Sciences en Marche a fait ensuite tourner beaucoup de têtes en centre ville. Les partants représentaient bien la diversité de la science à l’heure actuelle : jeunes, vieux, permanents, précaires, IATOS, physiciens chimistes, acousticiens, sociologues, etc.

Cependant, le Mans est une ville très étendue, et dès l’arrivée aux portes Sud de la ville, une certaine fatigue a commencé à se manifester, surtout chez les plus jeunes, pas encore habitués au pédalage violent et permanent qui est devenu nécessaire pour faire avancer la recherche. Le terminus du tramway a tendu ses caténaires accueillants à ceux-là, et nous nous sommes, dès les premières départementales de campagne atteintes, retrouvés à deux avec la voiture suiveuse. L’étape était en effet peut-être un peu longue depuis notre université excentrée (sans doute pour sa turbulence datant d’avant mai 68..), et les coteaux du Loir méritent leur nom quand on les gravit à bicyclette.

Nous avons tout de même eu droit à un contrôle de gendarmerie (désolé, pas de photos..) intriguée par la voiture bigarrée et le rangement hasardeux sur le bord de la route, mais une mention de l’autorisation préfectorale et de notre qualité de fonctionnaire nous a sortis d’affaire (comme quoi, il faut des postes permanents à l’université). L’interaction avec la population s’est réduite au paiement d’un café à Savigné l’Evêque, une discussion avec des randonneurs à la Chartre sur le Loir, et un certain nombre de questions faussement naïves pour demander notre chemin, qui n’ont pas vraiment suscité de débat sur la fongibilité asymétrique des préciputs ANR.

La fatigue a vraiment commencé à se faire sentir après une soixantaine de kilomètres, de même que quelques méchants microbes qui ont empêché plusieurs collègues de se joindre à nous et se sont par moment réveillés, mais la sortie des magnifiques paysages du Gâtinais et l’arrivée dans les lotissements et zones commerciales de Tours  nettement moins esthétisantes nous a redonné quelques jambes, : c’était le signe que l’arrivée était proche !

Une petite pause autour de la voiture suiveuse sur un parking nous a valu de nouveaux regards fort suspicieux de la police, mais le superbe accueil des jeunes et moins jeunes collègues de Tours nous a fait rapidement oublier cet incident. Il a fallu malheureusement repartir avant l’arrivée des Nantais et Angevins pour pouvoir rentrer au Mans soigner le bétail et des poules  avant la nuit (oui on sait, c’est une fac de bouseux), mais nous avons pu avoir de très agréables échanges avec les jeunes Tourangeaux ou le courageux Toulousain qui a affronté les dénivelés de Cahors et de Brive à vélo, bravo encore à lui ; on dira ce que l’on voudra, mais Sciences en Marche est bon pour la ligne ! Et merci à nos conjoints respectifs pour l’assistance et le rapatriement !

 

 

 

 

 

La sociologie appliquée à l'oeuvre pour convaincre les medias locaux
La sociologie appliquée pour convaincre les media locaux
Explique les problèmes budgétaires de l'ESR à la presse locale
Le Président Rachid El Guerjouma explique les problèmes budgétaires de l’ESR à la presse locale
CDD, n'ira pas au bout...
CDD, n’ira pas au bout de la marche…
Taux de succès : 2/7, plus que l'ANR
Taux de succès final : 2/7, plus que l’ANR
Juste avant le contrôle de police numéro 1...
Juste avant le contrôle de police numéro 1…
Et ça monte !
Et ça monte !
Une expérience de chimie amusante en bord de route : dissolution de Ramen et extraction de caféine, le bréviaire du bon chercheur
Une expérience de chimie amusante en bord de route : dissolution de Ramen et extraction de caféine, le bréviaire du bon chercheur
Je commence à sentir la fatigue...
Je commence à sentir la fatigue…
Rien n'arrête Sciences en Marche : un peu de cyclocross à la place de la piste cyclable, ça fait du bien !
Rien n’arrête Sciences en Marche : un peu de cyclocross à la place de la piste cyclable, après un deuxième contrôle de police, ça fait du bien !
On fait comme les jeunes, un petit selfie à l'arrivée...
On fait comme les jeunes, un petit selfie à l’arrivée…
Avec Thierry le Toulousain...
Avec Thierry le Toulousain…

 

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