D’où viens-tu ? Peux-tu nous dire quelques mots sur l’environnement socioculturel dans lequel tu as grandi ainsi que sur les études que tu as faites ?
Je suis stéphanoise. J’ai fait un DEUG en Sciences de la Vie, une licence de biologie des organismes et une maîtrise de biologie des populations et des écosystèmes à Saint Étienne, puis un Master 2 recherche en Écologie à Clermont-Ferrand et un doctorat en Écologie et environnement à l’Université de Savoie (+ Institut Pasteur + Clermont-Ferrand).
Quand as-tu réalisé que tu voulais faire de la Recherche ? Qu’est-ce qui t’intéressais et qu’est-ce qui t’intéresse maintenant dans ce domaine ?
J’ai eu envie de faire de la recherche en troisième année de licence grâce à un enseignant-chercheur qui m’a dit « vous vous posez beaucoup de questions, vous devriez faire une thèse ! ». Du coup, il m’a poussée à me demander si je voulais effectivement faire de la recherche… c’est vrai que j’aime réfléchir, m’interroger et j’aime la démarche scientifique qui mène à créer de nouvelles connaissances.
Pourquoi as-tu choisi la France pour continuer dans la Recherche
scientifique ?
Je suis française. C’est une évidence pour moi. La France est au 5ème rang des pays les plus riches au monde… On devrait y faire une recherche de qualité avec des moyens à la hauteur.
Que connaissais-tu sur le système de recherche en France avant de débuter ? Qu’en penses-tu maintenant ?
Avant de commencer la thèse, on m’avait dit que ça ne serait pas facile en terme de débouchés… Mais la situation s’est aggravée depuis et aujourd’hui, je me sens poussée vers la sortie. Toutes ces années d’études, tout ce travail, tant d’investissement pour finalement quoi ? Pôle emploi ? Une reconversion dans l’enseignement ou tout autre métier qui ne me satisfera pas… Quel gâchis ! J’ai soutenu ma thèse il y a 5 ans et j’enchaîne les CDD depuis… mais pour combien de temps encore ? Les effets pervers de la loi Sauvadet menacent d’y mettre un terme, définitivement. Pour moi, l’ESR (Enseignement Supérieur et Recherche) est à l’agonie.
Quel est ton domaine de recherche ? Où travailles-tu ? Quel est le sujet de ton doctorat ?
Je travaille en hydrobiologie, j’étudie les toxines produites par les cyanobactéries, des microorganismes présents dans l’environnement et en particulier dans les milieux aquatiques. Mon laboratoire de recherche (le LMGE) est une UMR entre le CNRS et l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand.
Concrètement à quoi ressemble une journée de travail pour toi ?
Je partage mon temps entre mon travail de recherche à proprement parler et toutes les contraintes qui nous incombent pour pouvoir le réaliser : rédaction de projets de recherche, recherche de financements,… qui prennent un temps et une énergie folle. En fait, et de plus en plus au fil du temps, j’ai le sentiment qu’il faut se « battre » pour pouvoir faire son travail. Je trouve ça anormal. Qui accepterait ça ?
Es-tu intéressée pour rester en France ?
Bien sûr ! C’est la seule option que j’envisage. J’ai refusé de faire des sacrifices personnels pour la recherche. J’ai 32 ans, un conjoint (avec une situation professionnelle « stable »), un petit garçon de 2 ans, une maison et beaucoup d’attaches ici. Maintenant, la mobilité est difficilement concevable pour moi.
Pour terminer, peux-tu nous donner un exemple qui pour toi montre que la Science est intéressante et peux-tu nous dire à ton avis pourquoi la Recherche est importante pour l’avenir de tout le monde?
Depuis des siècles, les scientifiques et leurs travaux nous ont permis de vivre dans le monde dans lequel nous vivons, un monde dans lequel on soigne des maladies et dans lequel on bénéficie de grandes avancées technologiques. Je crois que l’un des enjeux majeurs des décennies à venir est la préservation de notre environnement et cela n’est possible que si des scientifiques continuent à s’interroger sur le monde dans lequel nous vivons : quelles sont les conséquences des activités humaines sur l’environnement ? Quelles alternatives sont possibles pour réduire les effets négatifs de ces activités ?