Quelques définitions

 

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« L’exploration scientifique et sa transmission sont le socle de notre civilisation. »

 

Que sont les sciences ?

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Les sciences, naturelles, humaines et sociales, sont la connaissance systématisée obtenue par l’observation et l’expérimentation, l’étude et la réflexion. La recherche scientifique vise à déterminer la nature et les principes de ce qui est étudié pour éditer des lois et des théories permettant de comprendre les phénomènes naturels et la société.

En dépit de leurs différences de contenu et de méthodes, toutes les sciences ont une caractéristique commune : elles reposent sur des arguments et des preuves, c’est-à-dire des observations de la nature ou des hommes, de leurs actions et de leurs produits. (http://www.esf.org/fileadmin/Public_documents/Publications/Code_Conduct_ResearchIntegrity.pdf).

La science est produite par les chercheurs, mais pas exclusivement. Les chercheurs sont simplement une partie de ceux qui en font leur métier.

 

La démarche scientifique

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Également appelée démarche hypothético-déductive, cette manière de penser repose sur deux étapes principales : faire des hypothèses et déduire des conclusions. Le schéma de raisonnement est toujours le même quelles que soient la discipline et la thématique : le scientifique se pose une question, il formule une réponse hypothétique puis élabore une expérience (concrète ou de pensée) dont le résultat doit lui permettre de tester si cette hypothèse est valable ou non ; une fois cette expérience réalisée, le scientifique voit son hypothèse validée ou non et peut donc en imaginer une autre ou réfléchir aux nouvelles questions soulevées par ses observations. De ce mode de raisonnement découlent des réflexes qui sont utiles bien au-delà du domaine des sciences, comme celui de n’être convaincu que par des faits et pas par de simples affirmations impossibles à vérifier. A ce titre, la science et sa méthode sont des écoles de pensée dont doivent pouvoir s’enrichir l’ensemble des citoyens.

Il est « important d’intégrer les formations doctorales aux plus hautes fonctions de l’Etat », ne serait-ce que pour favoriser la diversité en y introduisant une culture scientifique largement sous représentée aujourd’hui. « Les décideurs seraient mieux informés et moins passifs et il y aurait moins de risques de manipulations par des intérêts particuliers » (S. Chu, Prix Nobel de physique en 1997, a été le premier scientifique au sein d’un gouvernement américain depuis la présidence de F. Roosevelt et est secrétaire à l’énergie du cabinet Obama depuis 2009).

 

Quelle est la différence entre “Science » et « Technologie” ?

Le but de la science est de produire de la connaissance sur les questions que se pose l’homme sur le monde dans lequel il vit. Trouver des réponses aux questions existentielles « Qui suis-je ? », « D’ou viens-je ? », « Où vais-je ? » que chacun se pose, en somme !
Le but de la technologie est de produire des procédés ou des outils qui permettent de résoudre des difficultés et/ou d’améliorer la vie humaine.
Dit simplement, la technologie est l’application pratique de la science résultant souvent d’un long processus d’innovation suivant une découverte.
Science et technologie s’auto-alimentent, notre connaissance du monde et des phénomènes naturels va évoluer avec l’amélioration de nos méthodes d’analyse. Sciences et technologies nécessitent des collaborations étroites entre personnes de formations diversifiées partageant une même méthode de travail, la démarche scientifique. Dans les laboratoires de sciences “dures”, il est important de créer un mélange de compétences pour favoriser l’émergence de nouvelles idées et un terreau favorable à l’innovation technologique.

 

De la science à l’innovation

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La méthode scientifique fait souvent référence à la rigueur, mais on oublie l’importance de la créativité dans le travail du scientifique. Une découverte scientifique combine toujours une activité créatrice et la rigueur de la démarche expérimentale pour apporter une connaissance nouvelle. Cette première étape de recherche est fondamentale pour l’innovation, elle est le fruit d’un travail de recherche souvent issu des laboratoires. Transformer cette découverte en une nouvelle application technologique est un lent processus nécessitant également des synergies de compétences variées (chercheurs de différents domaines, ingénieurs, techniciens), ainsi que des partenariats diversifiés, académiques et privés, dont la nature évolue avec la maturation du produit. La recherche scientifique et l’enseignement supérieur sont donc des moteurs essentiels au développement économique d’un pays, apportant connaissances et innovations technologiques, thérapeutiques, économiques… mais aussi formation de personnes qui sauront s’adapter aux évolutions technologiques et qui seront elles-mêmes porteuses d’innovation au sein des entreprises.

 

Monde scientifique et monde technologique

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Le monde change rapidement et la plupart des changements sont dus à des avancées scientifiques et technologiques. Ce monde “technologique” est paradoxalement marqué par une désaffection inquiétante des filières et des carrières scientifiques. La connaissance est devenue une inquiétude et non plus une ambition. Elle est malmenée par les médias et des faiseurs d’opinions qui occultent tout ce que la science a apporté en terme de mieux vivre. Nous observons parfois des dérives, opposant souvent une idéologie environnementale à l’idéologie libérale qui est de construire une société sur le court terme et ce quel qu’en soit le prix pour les générations futures.

Pour participer à l’innovation et aux changements de demain et pour mieux les comprendre, nos sociétés ont besoin de développer une éducation scientifique forte, de former des citoyens capables de comprendre et de s’adapter à ce monde changeant et de peser dans le débat démocratique par le débat scientifique éclairé. Les sciences permettent également l’analyse des évolutions sociétales et elles attirent l’attention sur les graves problèmes planétaires que les actions de l’homme génèrent (climat, biodiversité, épidémies). Les scientifiques sont aussi des « lanceurs d’alertes », rappelant que « nous devons donner du prix au futur par solidarité intergénérationnelle, sinon les générations futures paieront le prix de notre présent » (P. Rosenvallon).

Un peuple éduqué fait reculer l’irrationnel et l’intolérance ; il permet de limiter les utilisations frauduleuses de la Science et de la Nature pour justifier un ordre social (esclavage, inégalité des sexes, agression, modèles économiques). Les valeurs de la Science sont indissociables de la démocratie (http://www.college-de-france.fr/site/colloque-2013 Sciences et Démocratie).

 

Science, culture, arts et rêve

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Tout comme l’art, dont « le  but consiste à révéler à l’âme tout ce qu’elle recèle d’essentiel, de grand, de sublime, de respectable et de vrai » (Hegel introduction à l’Esthétique  chapitre II), la science permet d’appréhender le réel. Il ne faut pas oublier la part de rêve et d’émerveillement que nous apportent les sciences quand elles nous permettent de comprendre le Monde, l’Homme, et leurs origines.

L’Homme a aujourd’hui mis au point de nombreux outils pour explorer ses origines. Il a « la tête dans les étoiles » et peut explorer l’infiniment grand grâce aux instruments qu’il a créés et qui lui permettent l’exploration du cosmos. Il a aussi « les pieds sur terre » quand il explore l’infiniment petit, avec par exemple les nouvelles techniques de séquençage de l’ADN qui ont permis de montrer que les virus sont partout, posant de nouvelles questions quant à l’évolution des virus et l’émergence de maladies.

La création scientifique se fait avec une large part de découvertes fortuites et d’approches déductives permettant des découvertes sans application prévisible au départ. Elles sont simplement fondées sur la curiosité et l’envie de comprendre (c’est le principe du Collège de France, http://www.college-de-france.fr).

Les exemples sont nombreux et l’on peut citer l’impact d’organismes « insignifiants » comme la mouche du vinaigre dans notre compréhension de l’immunologie (Prix Nobel de médecine 2013), ou le ver des fruits dans notre compréhension de la biologie du développement  (Prix Nobel de médecine en 2002 ; http://sciencesenmarche.org/fr/toutsavoir/a-quoi-servent-les-sciences/ca-cest-grace-a-la-science/) !

Enfin la science participe depuis le siècle des lumières au rayonnement intellectuel de notre pays, elle est un vecteur de prestige international et d’attractivité.

 

La recherche nécessite du temps : Comment réintégrer le temps long dans nos sociétés ?

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Les sociétés démocratiques aujourd’hui ont du mal à penser aux temps longs, or la démarche scientifique demande du temps de réflexion. Ce temps est indispensable pour la découverte, l’innovation, mais également pour l’expertise qui nécessite une analyse profonde de l’impact des découvertes. La connaissance scientifique nous alarme aujourd’hui sur le long terme (réchauffement climatique, transitions énergétiques, etc). Nous devons réapprendre à prendre du temps de réflexion et à penser aux conséquences à long terme de nos actes dans un contexte sociétal placé dans l’immédiateté, le court terme, comme l’illustrent nos représentations politiques, via le mode électoral, et nos modèles économiques. Comment réconcilier des échelles de temps différentes entre l’exploration scientifique et la demande sociétale ?

Le soutien apporté par le gouvernement à la recherche et à l’enseignement supérieur est symbolique d’un choix de société : « L’enjeu de l’enseignement supérieur et de la recherche n’est donc rien moins que la démocratie elle-même. L’importance qu’une nation leur accorde lui permet d’afficher un cap de civilisation » (Vincent Berger, rapporteur général du comité de pilotage des Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche, devant l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, 4 décembre 2012). Pourtant, en dépit de ces annonces, le cap n’est pas donné faute de moyens alloués et d’une politique scientifique ambitieuse.

“La grande force de l’Etat est de pouvoir réfléchir à long terme. L’éducation, l’infrastructure sont des chantiers où il est essentiel de penser long terme. Ce sont des investissements financièrement “non rentables” à 5, 10 ou 15 ans mais qui sont les plus “rentables”, dans tous les sens du terme à 20, 25, 50 ans. C’est une hérésie aujourd’hui que ce soit les états autoritaires qui aient le monopole du long terme. Les démocraties doivent reconquérir ce terrain pour retrouver leur légitimité auprès de leurs populations et ne pas se laisser distancer. Plus que les actions ponctuelles, des paillettes médiatiques et des bilans invérifiables en terme de soi-disant “emplois sauvés”, c’est le long terme, la plus noble des batailles que doit reconquérir l’Etat.”(A. Loeserkrug-Pietri, “De Montebourg à Macron : quelle place pour l’Etat au XXIe siècle” – Les Echos 29 aout 2014).

 

La science et l’expertise

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Le monde scientifique et technologique dans lequel nous vivons impose des politiques de normes. Les grandes questions de société doivent associer les politiques, les scientifiques, les juristes et les historiens. Il faut construire des expertises collectives solides et pesant dans les décisions politiques mondiales comme l’ont fait par exemple les membres du Groupe Intergouvernemtal d’Experts du Climat (GIEC, http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/14/rechauffement-les-dix-points-marquants-du-rapport-du-giec_4399907_3244.html ). Ces travaux illustrent aussi aujourd’hui les limites d’action des scientifiques soumis aux décisions politiques sur des fondements d’idéologie libérale.

A l’opposé, les principes de prévention/précaution doivent être établis selon des approches scientifiques. Or les sciences sont objet de méfiance car elles sont ressenties comme toutes-puissantes, générant des positions extrêmes et des dogmatismes. L’expertise est confondue avec « l’opinion » dans les discours populistes qui s’appuient sur des résultats non scientifiques, comme l’a montré l’affaire Lyssenko au siècle dernier (http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1216), ou les “climato-sceptiques” et les « créationnistes » aujourd’hui. L’abandon de la pensée rationnelle laisse place à l’idéologie et il devient difficile de s’exprimer. Nos sociétés sont complexes et les questions éthiques se multiplient ; il est à prévoir que l’explosion démographique mondiale ne fasse qu’accroitre cette complexité. Il faut reconstruire l’expertise scientifique, construire une communauté d’évaluation, pour interpeler, débattre de manière rationnelle. L’expertise, est un bien commun et doit être indépendante des groupes de pression.