Comment est-ce que ça se passe une thèse en philo ?

Une thèse en philo, c’est d’abord essayer de trouver un financement ! Et ce n’est pas facile, car la philosophie n’a pas de retombée économique directe.

On en vient alors à se poser une question : à quoi ça sert la philosophie ? Avec une question en forme de corollaire, à quoi je sert dans cette société ?

D’un point de vue utilitariste, on pourrait dire que le philosophe permet d’avoir un recul nécessaire pour réfléchir sur les grands projets de société, sur les choix politiques, sur l’éthique dans la recherche et surtout sur notre mode de vie.

Cependant, à quoi bon une position réflexive, si au final, notre raisonnement est à court terme ? C’est justement dans cette dernière affirmation que réside la réponse. Pourquoi avoir un raisonnement à court terme ? Pourquoi ne pas penser à une autre temporalité ?

Le métier de philosophe permet de réfléchir et de donner des réponses jamais tout à fait satisfaisantes mais nécessaires. Une fois le financement trouvé, ou sans financement, le travail de doctorant commence. De nombreuses heures à chercher dans la bibliothèque universitaire telle œuvre de Sartre, à lire tous les ouvrages de Foucault… On passe énormément de temps dans les bibliothèques à lire, ingurgiter du savoir. Le plus dur, c’est de le digérer et d’en extirper la substance qui tissera notre réflexion. La relation avec le directeur de thèse est cruciale dans ce travail. C’est lui qui amènera à « l’accouchement » de la réflexion « finale ». Il faut aussi aller aux séminaires, colloques ou autres conférences qui permettent de s’ouvrir l’esprit et de voir d’autres pistes originales pour éviter une pensée trop consanguine. Enfin, le travail de l’apprenti philosophe c’est aussi de rencontrer et de discuter avec d’autres philosophes qui vont compléter, être d’accord ou non avec notre réflexion. C’est cet échange qui amènera à confirmer, infirmer ou repenser une question ou une problématique.

En bref, on peut comparer le travail d’un doctorant en philosophie à celui du capitaine d’un navire à la dérive. Évitant les tempêtes, se ravitaillant dans les îles sauvages, à la recherche d’un trésor, l’apprenti philosophe trace une route nouvelle et originale qui le transformera. Il ne sait pas où il va, mais l’important, c’est qu’il y va !