Fathi Ben Aribi

D’où viens-tu ? Peux-tu nous dire quelques mots sur l’environnement socioculturel dans lequel tu as grandi ainsi que sur les études que tu as faites ?
parisJ’ai vécu à Paris toute ma vie, fils de fonctionnaires (en particulier d’un père professeur de physique), j’ai fait mon lycée et ma classe préparatoire MPSI au lycée Louis-le-Grand puis je suis rentré à l’ENS Paris, en gardant toujours l’optique de faire le plus de mathématiques possibles.

Quand as-tu réalisé que tu voulais faire de la Recherche ? Qu’est-ce qui t’intéressais et qu’est-ce qui t’intéresse maintenant dans ce domaine ?
Pendant la classe prépa, pour l’épreuve de TIPE (Travaux d’Initiative Personnelle Encadrés) j’ai passé deux semaines à lancer des calculs sur un ordinateur et à adapter une démonstration d’un théorème aux outils de prépa. Cette expérience m’a énormément plu. Il y a aussi le fait que pendant des cours ou des conférences j’aimais bien chercher au brouillon à résoudre des problèmes mathématiques.
Les mathématiques m’intéressent car c’est une science exacte, et j’aime être sûr que ce que je dis est vrai. Et je veux sans cesse en apprendre davantage, ce qui est permis par la Recherche.

Pourquoi as-tu choisi la France pour continuer dans la Recherche
scientifique ?

Le pain, le fromage, la sécurité sociale, c’est dur de s’en passer. Et surtout, ça me permettait de rester au même endroit que les gens que j’aime. Mais je n’exclus pas de faire de la recherche à l’étranger !

Que connaissais-tu sur le système de recherche en France avant de débuter ? Qu’en penses-tu maintenant ?
Je ne connaissais pas grand-chose du système. Je pense qu’il a des défauts, n’est pas assez connu ni soutenu par le gouvernement, et qu’il n’y a pas assez de postes d’EC, ce qui m’inquiète de plus en plus. Je trouve ça dommage que des gens brillants doivent quitter la recherche car ils ne trouvent pas d’emploi. C’est du gâchis.

Quel est ton domaine de recherche ? Où travailles-tu ? Quel est le sujet de ton doctorat ?
Les mathématiques, plus précisément la théorie des nœuds, une branche de la Topologie. Je travaille à l’Université Paris 7 et je suis dans ma dernière année de thèse.

Concrètement à quoi ressemble une journée de travail pour toi ?
Lire les derniers articles publiés dans les domaines qui m’intéressent, réfléchir à des questions sur mon sujet de thèse, lire des livres de recherche, chercher des résultats sur des brouillons, ou effectuer des tests à l’ordinateur, et rédiger ce que je trouve pour en garder une trace… Certains jours je dois préparer et donner des TD à l’université, pour la mission complémentaire d’enseignement liée à mon contrat doctoral. Mais chaque journée est différente, et la fatigue influe beaucoup (malheureusement) sur la productivité et la créativité, donc certains jours on a l’impression de n’arriver à rien. Je discute régulièrement avec mon directeur de thèse sur mes avancées et la marche à suivre.

Es-tu intéressée pour rester en France ?
Oui, j’aimerais fortement y trouver un poste. Mais ça ne semble pas facile.

Pour terminer, peux-tu nous donner un exemple qui pour toi montre que la Science est intéressante et peux-tu nous dire à ton avis pourquoi la Recherche est importante pour l’avenir de tout le monde?
On n’a pas idée d’à quel point tous les domaines de la science peuvent être reliés. Récemment j’ai appris que des avancées mathématiques en optimisation ont pu raccourcir le temps des IRM et donc sauver plus de vies. On ne peut pas améliorer la société sans la Recherche.

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