Simplification de l’ESR: notre point de vue sur les appels à projet

Le choix politique des gouvernements successifs de ces dernières années en matière d’enseignement supérieur et de recherche a été de réduire les dotations récurrentes au profit de financements sur projet. Ce modèle, inspiré du fonctionnement anglo-saxon, a été imposé pour introduire une logique de concurrence entre les laboratoires, au nom de « l’excellence » et de « l’attractivité » de la recherche. Ce choix idéologique ne se trouve étayé par aucune étude indiquant un réel manque d’efficacité de la recherche scientifique française avant l’introduction de ces réformes. Cette “course aux projets” contraint l’ensemble des personnels à consacrer une part de plus en plus importante de leur temps à (i) la recherche de financements à un nombre toujours plus important de “guichets” ou “agences de moyens” (ANR, IDEX, LABEX etc.) et (ii) à introduire un grand nombre de contraintes administratives liées à la gestion de ces différents projets (rapports intermédiaires, fiche de temps etc.). Ce mode de financement favorise et généralise le recours à l’emploi contractuel, dont les proportions atteignent près de 50% des personnels dans certains instituts du CNRS. Enfin, le financement sur projet, parce qu’il est de court terme, va contre l’idée d’une recherche fondamentale de long cours, et contraint les chercheurs à segmenter une problématique en une somme de “projets”.

Pour Sciences en Marche, la simplification doit donc passer par une réduction du nombre d’appels à projets (limiter les guichets), une augmentation des financements récurrents des laboratoires et du recrutement de personnels statutaires. Un telle politique aurait les effets de simplification suivants :

- Cela réduira l’emploi contractuel dont les effets sur les carrières des jeunes chercheurs, ingénieurs et techniciens sont délétères.

- Cela diminuera le temps passé par les chercheurs à rédiger et évaluer les appels à projets et leur permettra de réfléchir à leurs projets sur le long terme.

- Cela réduira les charges administratives pesant sur les chercheurs et gestionnaires.

- Cela permettra d’utiliser l’argent public de manière plus efficace: en effet, le coût de l’évaluation des dossiers par l’ANR, par exemple, est estimé à 30% du montant distribué[1].

[1] http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22852/les-avis-du-conseil-superieur-de-la-recherche-et-de-la-technologie-c.s.r.t.html

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