Lettre envoyée le 8 mai 2016 aux Directeurs/trices d’unités de l’INRA
Chèr-e collègue,
Nous vous contactons pour attirer votre attention sur certains aspects troublants du processus de nomination du prochain Président Directeur Général (PDG) de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) qui doit avoir lieu d’ici l’été. Le mandat du PDG actuel, F. Houllier, arrive en effet à échéance le 27 juillet.
L’INRA est un Etablissement Public Scientifique et Technologique (EPST) sous double tutelle des ministères en charge de l’Agriculture et de la Recherche. La procédure de nomination de son PDG est un processus complexe, récemment réformé pour théoriquement en renforcer la transparence. Il commence par un avis de vacance pour susciter des candidatures. Ces candidatures sont examinées par un comité ad hoc, nommé par les cabinets des ministères de tutelle. Le candidat pressenti par ce comité est proposé par le Premier Ministre au Président de la République. L’Assemblée Nationale et le Sénat doivent finalement auditionner le PDG pressenti et valider ce choix.
Du fait de la longueur du processus, l’avis de vacance aurait normalement dû être publié mi avril pour permettre une prise de fonction fin juillet. A ce jour rien n’est paru et la presse s’est faite écho du désir du Ministre de l’agriculture que son directeur de cabinet, Philippe Mauguin – qui joue normalement un rôle important dans le processus de sélection – soit nommé PDG de l’INRA (1). Ni P.Mauguin, compagnon de route de longue date de Stéphane Le Foll, ni le Ministre n’ont démenti cette information.
Si ces informations s’avéraient exactes, elles posent le problème de la transparence du processus de sélection du PDG de l’INRA, et de la pratique inadmissible du parachutage de conseillers ministériels dans des structures sensées servir l’intérêt général et non l’ambition de quelques loyaux serviteurs politiques. Enfin, elles posent le problème des qualifications nécessaires pour assurer la présidence d’un organisme de recherche publique mondialement renommé
Cette fonction a toujours été occupée par un chercheur. La pratique de la recherche scientifique, sanctionnée par un doctorat, est en effet nécessaire pour assurer la crédibilité de l’INRA sur la scène internationale. Les représentants des organismes de recherche étrangers avec lesquels le PDG doit interagir fréquemment sont tous des chercheurs. Le poste de PDG de l’INRA requiert également une vision des enjeux scientifiques, particulièrement riches dans le secteur de l’agronomie en ce début de 21ème siècle, qu’il est difficile d’acquérir sans une culture scientifique suffisante et une profonde expérience de la recherche. Pour assurer pleinement cette mission difficile, il est donc primordial que le candidat ait en plus d’une très bonne connaissance du monde agricole, une longue expérience de recherche et une expérience internationale reconnue.
1 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/04/09/20002-20160409ARTFIG00007-stephane-le-foll-verrait-bien-son-directeur-de-cabinet-a-la-tete-de-l-inra.php ; http://www.pressreader.com/france/le-journal-du-dimanche/20160410/281689728969262