Il était dix heures sur le parking du bâtiment le plus symbolique de l’université du Mans, celui de physique-chimie qui héberge les deux instituts CNRS du site, le LAUM et l’IMMM, et qui est en attente de rénovation, sans cesse reportée faute de crédits d’état.
Le départ a été fortement retardé par la présence des journaux locaux, à qui, chacun notre tour, nous avons fait part de nos doléances sur le crédit impôt recherche, la précarité, la durée entre la recherche fondamentale et les applications, l’intérêt des humanités pour une société. Nous avons brièvement décrit nos recherches sur de nouveaux agents anticancéreux (pourquoi les citoyens ne veulent-ils pas que nous soyons financés sans intermédiaires ?), sur les nanoparticules qui, 20 ans après avoir été des curiosités de laboratoire, trouvent désormais leur application un peu partout, en particulier dans les automobiles pour lesquelles Le Mans est célèbre, y compris d’ailleurs pour pouvoir en réduire la pollution. Le président El Guerjouma a exposé avec brio le mécanisme du GVT mal initialisé à l’économie, le modèle Sympa qui fait que le ministère lui même reconnaît qu’il manque plus de 100 postes dans notre université, et les différents principes qui font que tout nouveau poste créé, voire tout départ en retraite, sert surtout à combler un trou financier qui ne devrait pas exister, au détriment de la qualité du service public d’enseignement supérieur et de recherche. Certaines filières seront sans doute fermées ou limitées l’année prochaine faute de moyens (28 étudiants minimum par groupe…et 1 groupe maximum !)
La traversée du petit cortège pavoisé aux couleurs de Sciences en Marche a fait ensuite tourner beaucoup de têtes en centre ville. Les partants représentaient bien la diversité de la science à l’heure actuelle : jeunes, vieux, permanents, précaires, IATOS, physiciens chimistes, acousticiens, sociologues, etc.
Une petite pause autour de la voiture suiveuse sur un parking nous a valu de nouveaux regards fort suspicieux de la police, mais le superbe accueil des jeunes et moins jeunes collègues de Tours nous a fait rapidement oublier cet incident. Il a fallu malheureusement repartir avant l’arrivée des Nantais et Angevins pour pouvoir rentrer au Mans soigner le bétail et des poules avant la nuit (oui on sait, c’est une fac de bouseux), mais nous avons pu avoir de très agréables échanges avec les jeunes Tourangeaux ou le courageux Toulousain qui a affronté les dénivelés de Cahors et de Brive à vélo, bravo encore à lui ; on dira ce que l’on voudra, mais Sciences en Marche est bon pour la ligne ! Et merci à nos conjoints respectifs pour l’assistance et le rapatriement !