Communiqué de presse 21-10-2014

Le succès de « Sciences en Marche » doit être entendu par le Président de la République et la représentation nationale !

L’initiative « Sciences en Marche » a conduit à l’immense succès de mobilisation de la manifestation du 17 Octobre à Paris.

Pendant trois semaines, des centaines de personnes travaillant à tous les niveaux de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) se sont relayées d’étapes en étapes, le plus souvent en vélo, parfois à pieds ou en kayak, pour aller à la rencontre du public et lui expliquer les spécificités et les difficultés présentes de nos métiers. A chaque fois, l’accueil a été très chaleureux, et le message de « Sciences en Marche » sur l’importance de l’ESR pour le futur de notre pays a été très bien reçu, comme le montre la couverture médiatique importante de tous ces évènements[i].

Vendredi 17 octobre, plus de 8000 personnes, représentant toutes les disciplines scientifiques et tous les échelons de l’ESR, ont défilé dans Paris – d’autres manifestations avaient lieu dans plusieurs villes de province – pour faire valoir les trois revendications portées par « Sciences en Marche » et par bien d’autres instances et acteurs de l’ESR[ii] : un plan pluri-annuel d’emploi, le rétablissement des crédits de base des laboratoires et des universités, la reconnaissance du doctorat dans les conventions collectives et dans la haute administration.

Le succès de « Sciences en Marche » illustre a contrario les difficultés que les personnels de l’ESR rencontrent pour exercer leurs métiers et missions : quand des milliers d’entre eux sont dans la rue, quand le Comité National de la Recherche Scientifique alerte sur la crise de l’emploi scientifique[iii], quand près de la moitié des directeurs d’unités du CNRS ont déjà signé une lettre au Président de la République pour demander un changement de politique[iv], quand l’Académie des sciences s’invite dans le débat pour demander un changement de cap[v], quand des dizaines de laboratoires, d’universités, de fondations savantes et de fondations caritatives décident d’apporter officiellement leur soutien à « Sciences en Marche », c’est que la crise est profonde et grave.

Et pourtant, le jour même de la plus grande manifestation de l’ESR depuis des années, la Secrétaire d’Etat à l’Enseignement Supérieur et la Recherche explique sur le site de l’Express que « la situation n’est pas dramatique », que tout ça ne serait qu’un petit problème de pessimisme passager[vi]. Ignorant la lente et constante dégradation de la position de la France dans les classements internationaux, ces commentaires illustrent l’inquiétante cécité de nos dirigeants vis à vis du monde de la recherche et de l’enseignement supérieur, un secteur pourtant crucial pour l’avenir de notre pays. L’imprécision et l’inexactitude des chiffres mentionnés dans cet article6 sont par ailleurs surprenantes de la part d’une responsable gouvernementale de ce niveau.

L’initiative « Sciences en Marche », conjointement aux nombreuses autres actions menées en parallèle, a permis de mettre sur le devant de la scène une revendication claire: le redéploiement d’une partie du Crédit Impôt Recherche, dont l’inefficacité est dénoncée de toute part, en direction des universités et des organismes de recherche. Cette mesure simple, qui ne créera aucune dépense supplémentaire pour l’Etat, doit être mise en œuvre dans les meilleurs délais, sans quoi les dégâts humains et matériels d’aujourd’hui dans l’ESR seront demain des catastrophes pour le pays. La communauté de l’ESR a su démontrer sa détermination à obtenir un changement de politique. Elle ne cèdera pas.

Nous en appelons solennellement au Président de la République et à notre représentation nationale pour qu’ils prennent au plus vite les mesures qui s’imposent afin de sortir le service public de l’ESR de l’impasse dans laquelle le conduit la politique actuelle. Il y a une urgence nationale, et les milliers de soutiens de « Sciences en Marche » n’auront de cesse d’exiger que l’Etat fasse de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur une véritable priorité et rétablisse leur dignité.

[i]http://sciencesenmarche.org/fr/retour-sur-le-17-octobre/ ; http://sciencesenmarche.org/fr/presse/

[ii] CoNRS, CPCN du CNRS, Académie des sciences, réunion des DUs du CNRS…

[iii] http://www.urgence-emploi-scientifique.org/

[iv]http://www.urgence-emploi-scientifique.org/content/lettre-des-directeurs-de-laboratoire

[v] http://www.academie-sciences.fr/presse/communique/com2014.htm

[vi]http://www.lexpress.fr/education/fioraso-aux-chercheurs-la-situation-n-est-pas-dramatique_1612906.html

« 90% du budget est constitué de crédits récurrents dont 50% vont vers la recherche fondamentale. Je tiens à rappeler que les crédits de la recherche ont été préservés ». La secrétaire d’Etat confond ici sans doute le financement général des organismes où la dotation d’Etat a une part majoritaire, avec les crédits récurrents ou de base qui désignent les crédits attribués aux équipes de recherche hors masse salariale pour conduire leur travail de recherche. Ces crédits sont dans presque tous les organismes inférieurs à 10%. Au CNRS, ils étaient de 5,7% en 2013. Pour ce qui est de la préservation des crédits de la recherche, nous notons qu’en 2014, les budgets des organismes de recherche sont en très légère baisse en euros courants, ce qui constitue une forte baisse en euros constants (Rapport du Sénat: http://www.senat.fr/rap/a13-160-5/a13-160-58.html). Celui de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) a lui été amputé de 81 millions d’euros cette année.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>