Réflexions et doléances

Journée ordinaire d’une DR1 au CNRS (en région parisienne)

Utilisez nous!

Billet d’humeur d’une archéologue

Une doctorante en archéologie

Qu’est-ce qu’un docteur ?

Je n’ai pas vraiment le temps d’écrire une lettre de doléances.

Pour un service public scientifique !

« Les sciences de l’Homme et de la société » (SHS), dans les sciences et dans la société

Post-doctorante en Archéologie & Préhistoire

Missions archéologiques au Proche-Orient

Postdoc en Allemagne : Pourquoi je ne me vois pas revenir

Pourquoi moi ? Pourquoi nous ?

 

4 réflexions au sujet de « Réflexions et doléances »

  1. Pourquoi moi ? Pourquoi nous ?

    Apres 5 ans d’études dans le domaine de la bioinformatique puis de la biologie (génétique, microbiologie, biosanté), j’ai eu la chance de commencer ma carriére professionnelle avec un CDD de 12 mois à l’ANSES où mes travaux ont fait l’objet d’un brevet europpéen pour lequel je suis coauteur, puis j’ai rebondi sur 2 CDD successifs (16 mois au total) à l’INRA en génétique végétale, 1 CDD de 3,5 mois pour aménager un labo de biologie et penser les activités de recherche en biologie d’un labo CNRS de physique des particules (3 voyage en Corée du sud, collaboration avec des équipes Tchèques), 2 CDD en microbiologie à l’INRA (total de 277 mois), puis retour dans le même labo CNRS pour 2 CDD supplémentaires (15 mois au total). Aujourd’hui je suis au chômage, je galère pour trouver un emploi à mon niveau d’étude et je vois le RSA et la pauvreté arrivé de plus en plus vite.
    Que vais je devenir ? Qu’elle sera mon futur ? Comment envisager une vie dans ces conditions ?
    Des milliers de précaires des labos publiques sont sacrifiées, rien est engagé pour nous titulariser. Pourtant un vaste plan de titularisation, sans passer de concours ou de sélection sur dossier, pourrait en partie aider à faire descendre le chômage.

    1. Malheureusement je pense qu’il n’y a rien a attendre de la France. On nous a fait faire des etudes seulement pour enrayer la montee du chomage… Gauche et droite ont joue la meme politique. Pour eux l’uni n’est que le vase de compensation du chomage… Evidemment maintenant ce systeme a atteint ses limites et le systeme est engorge… Il n’ont aucune intention de creer des postes pour nous evidemment. Heureusement il reste les etats unis pour nous employer. C’est notre seule chance. En meme temps vous vous plaignez mais pour qui votez vous??? Ceux qui ont mis en place ce systeme comme le font la majorite des chercheurs d’ailleurs… Alors il y a un moment ou il faut aussi regarder ses propres erreurs.

  2. A mon tour de laisser un témoignage, il vaut ce qu’il vaut, mais je crois qu’il témoigne d’une forme commune de résignation.
    Ici et là, nous dénonçons collectivement le manque de poste, le manque de moyens, la gestion désastreuse de la recherche, la déconsidération de l’enseignement… J’ai un doctorat en sciences humaines et sociale, dans une spécialité qui recrute peu. A la sortie du doctorat, j’étais certain de vouloir devenir enseignant-chercheur : la pédagogie, la transmission me font autant vibrer que la recherche. J’ai décliné les propositions de soutien pour le concours CNRS.
    Je connaissais déjà la situation ubuesque de l’enseignement-recherche, un mi-temps recherche, un mi-temps enseignement, et un 2/3 temps administratif… Faites rentrer tout ça dans nos soi-disant emploi du temps de fainéant… Heureusement que nous avons encore des vacances, mais tout ça ne me décourageait pas.
    Et puis est venu le temps des premières candidatures.
    Session synchronisée ou poste au fil de l’eau, faire le grand écart pour tenter sa chance sur des postes théoriquement pas très éloignés, parfois avec des profils tellement précis que cela questionne, parfois avec des informations tellement lacunaires que cela questionne aussi.
    Parfois, pas besoin de faire de grands ou de petits écarts. Le profil résume mon CV, incroyable ?!
    On prend des contacts, on y croit un peu. On essaie d’oublier les 150 autres postulants qui doivent y croire aussi un peu. On part en quête d’information, on appelle, on discute et la discussion se termine inlassablement par « votre profil est vraiment intéressant, mais je me permets de vous prévenir que nous avons, ici, de très bons candidats, qui ont failli avoir un poste l’année dernière, alors… »
    Alors quoi ? Alors, je ne serai pas auditionné sur les postes qui rentrent le plus dans mon profil, mais je serai auditionné sur les postes où j’ai fait le grand écart…
    Alors quoi ? Alors, je cherche le nom des élus entendus, qui iront faire leur courbette devant ce jury tout puissant que je reconnais pleinement dans ses fonctions
    Alors quoi ? Alors, surprise, 1 ou 2 candidats locaux, et le reste des candidats externes plus ou moins dans le profil, plus ou moins « publiants ».
    Alors quoi ? pas de surprise, comme on me l’avait simplement fait comprendre au téléphone, le candidat local est classé premier.
    Alors quoi ? Alors, on demande à voir le rapport. Aucune explication, dossier très intéressant, articles pertinents dans le champs, mais refusé pour l’audition… à l’unanimité !
    Une fois,
    Deux fois,
    Trois fois,
    Quatre fois…
    Alors quoi ? Dénoncer l’endorecrutement ? Pour quoi faire ? La plupart des candidats ainsi recrutés ont fait leur preuve ! ils ont publiés, ils ont partagé des mois de travail avec des collègues sur place, connaissent les étudiants, sont appréciés, ont peut-être établis leur vie familiale sur place… Comment ne pas les recruter ?
    C’est une logique humaine que de permettre à « son » galérien d’obtenir enfin le poste convoité.
    Alors quoi ? Alors pourquoi ne pas arrêter cette mascarade de concours national ? Je suis attaché à la procédure de qualification, mais soyons réaliste : la session synchronisée ou les postes au fil de l’eau, pas tous, mais un certain nombre, et en tout cas dans ma discipline, ne sont pas si « ouverts » que ça.
    Pourquoi nous laisser envoyer des dossiers ? Pourquoi nous faire déplacer, parfois 2 fois dans la même journée, par avion, lorsque pas de chance, les membres des jurys ne sont pas conciliants ? Pourquoi si l’on sait que, en humain empathique, on va de toute façon recruter la personne qui bosse avec nous depuis 4, 5, 10 ans ?
    Il serait temps de repenser le recrutement : en nombre, mais aussi en organisation.

    Chaque dossier, m’a dit un jour une amie plus âgée, c’est un bout de toi qui s’en va… A la fin que restera-t-il de nous ?

    Je comprends maintenant : chaque dossier demande un investissement, on doit se projeter, pour des post-doc de 6 mois, des postes de MCF… c’est le même investissement. Pour faire comprendre par écrit que l’on sera le meilleur collègue, prêt à tout pour décrocher le sésame, ou simplement, un contrat peut-être un peu moins pourri que les autres. Passer des heures à faire des recherches sur les activités du labo, sur l’institution, sur les gens qui la compose…
    Chaque dossier, chaque projet, chaque contact pris, c’est un peu d’espoir en moins, un peu de moi en moins à chaque fois.
    Chaque année, des amis brillants que j’estime, que j’admire pour leurs recherches jettent l’éponge.
    Pour l’instant, j’y crois encore, je m’accroche, j’essaie… mais, la question reste présente en permanence :
    A quand mon tour ?
    D’être recruté ou de jeter l’éponge, lequel viendra en premier ?

  3. merci pour ce témoignage, Anonyme volontaire, qui est tellement vrai, quelque soit la discipline d’enseignement…
    Sans compter qu’après tant d’années à courir après un poste, il est très difficile de se retourner vers le secteur privé en valorisant ce travail.
    Tous les jours je me dit un peu plus que ma meilleure option de carrière est maintenant de devenir mère au foyer.

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