Pétition : urgence à créer des postes de titulaires

https://www.change.org/p/thierry-mandon-il-y-a-urgence-à-créer-des-postes-d-enseignants-chercheurs-titulaires-à-l-université

mardi 22 mars 2016Les effets sur l’emploi des politiques d’austérité se font cruellement sentir à l’université. Parce que, depuis quelques années, les universités ne créent quasiment plus de postes d’enseignants-chercheurs titulaires et qu’elles tendent par ailleurs à en geler ou à en supprimer, la situation est devenue catastrophique dans de nombreux départements.

Nous, enseignants du département des sciences de l’éducation de l’université de Saint-Étienne, qui exerçons dans un des départements universitaires les plus sous-encadrés en France, nous voulons, en prenant appui sur notre situation, alerter sur les effets de l’absence de recrutement d’enseignants-chercheurs titulaires.

Cette année, notre département compte 4,5 enseignants-chercheurs titulaires pour encadrer un cursus complet de 600 étudiants (les départements de même taille disposent en moyenne de 15 à 25 enseignants-chercheurs). Il fonctionne avec plus de 40 vacataires, 2 ATER et 2 CDD d’un an renouvelable, occupés par de jeunes collègues, dont les conditions de salaire et d’emploi sont désastreuses (800 euros pour 192 h de cours annuel ; 1600 euros pour 384 h). Moins d’une heure de cours sur cinq est assurée par un enseignant-chercheur titulaire. Malgré cela, voilà deux ans que notre département n’a pas obtenu de poste et il n’est pas prévu de lui en accorder cette année.

Ce sous-encadrement produit des effets en cascade : non-recrutement des docteurs sans poste, conditions de travail désastreuses pour titulaires et précaires, manque de disponibilité des enseignants pour les étudiants. Notre problème s’étend aussi aux autres départements de l’université avec lesquels nous sommes, à regret, placés en concurrence. Sans création de postes, il faudrait, en effet, pour rééquilibrer les ressources, procéder durablement à des réaffectations de postes entre composantes ou au sein des composantes.

Par cette pétition, nous souhaitons informer la communauté universitaire de notre situation et recueillir son soutien. Mais nous avons conscience que notre situation recouvre des enjeux qui nous dépassent. Les départements comme le nôtre ne doivent pas devenir des « laboratoires du changement » et servir à expérimenter ainsi qu’à légitimer une baisse drastique du nombre d’enseignants-chercheurs titulaires à l’université et, corollairement, le développement d’emplois précaires et mal rémunérés. Si ces situations finissent par être acceptées, ces départements ne manqueront pas de devenir la preuve vivante qu’un cursus complet de plusieurs centaines d’étudiants peut fonctionner avec un nombre très réduit d’enseignants-chercheurs titulaires, ce qui contribuera à relativiser la portée des futures revendications sur les recrutements.

Dans un contexte où l’IGAENR fait des propositions particulièrement inquiétantes de modulation de service pour les enseignants-chercheurs, il est indispensable que les enseignants-chercheurs titulaires se mobilisent pour l’emploi scientifique et pour défendre leurs conditions de travail. Leur mobilisation doit converger avec celle, actuellement en cours, des personnels précaires de l’enseignement supérieur.

Ensemble, interpellons tant les responsables politiques que les présidents d’université pour :

1)      Qu’ils prennent en compte la situation très préoccupante de l’emploi scientifique et les effets désastreux produits par cette situation sur toute la communauté universitaire (enseignants, étudiants, mais aussi BIATSS).

2)      Qu’ils reconnaissent qu’une marge de manœuvre existe à condition que soient rediscutées les modalités actuelles du financement de l’enseignement et de la recherche (à commencer par le Crédit Impôt Recherche).

3)      Qu’ils dégagent les moyens nécessaires au recrutement d’enseignants-chercheurs titulaires, indispensables au bon fonctionnement des universités.

Cette pétition sera remise à:
  • Secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
    Thierry MANDON
  • Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
    Najat Vallaud-Belkacem
  • Présidente de l’université de Saint-Etienne
    Michèle Cottier

Appel des Précaires journée d’action le 13 avril 2016

http://precairesesr.fr/ SeM 31 mars 2016Ce 31 mars, le mouvement contre la loi travail a une nouvelle fois pris de l’ampleur en réunissant plus d’1,2 millions de manifestant.e.s. Après plusieurs semaines de mobilisation des lycéen.ne.s, étudiant.e.s et salarié.e.s dans toute la France, la colère s’organise et ouvre de nouvelles perspectives. Autour de ce projet de loi s’est cristallisé un ras-le-bol général contre la précarité et contre le fait que nos conditions de travail ne cessent de se dégrader.

Nous, enseignant.e.s-chercheur.e.s et/ou chercheur.e.s non-titulaires de l’ESR, (docteur.e.s sans postes, doctorant.e.s sans financement, vacataires, contractuel.le.s, ATER…), comme d’autres, connaissons bien cette précarité. Caractère dérogatoire des vacations qui privent d’un certain nombre de droits sociaux, vacations payées des mois plus tard, aberration de devoir payer notre propre employeur pour pouvoir travailler à travers les frais d’inscription, délais d’attente ubuesques des allocations chômage, décalage de l’entrée en vigueur des contrats doctoraux et d’ATER par rapport au début des enseignements entraînant un décalage d’un à plusieurs mois du versement du premier salaire, conditions matérielles et psychologiques de travail dégradées, suppression d’un mois de salaire pour les contractuel.le.s enchaînant sur un poste d’ATER, contrats antidatés, situations de travail gratuit, annulation à la dernière minute de vacations attribué.e.s à des doctorant.e.s qui n’ont pas d’autres moyens de financement, dépassement des heures de service sans rémunération complémentaire, pressions et pratiques de censure, etc. Bref, autant de situations qui feraient l’objet de condamnations pénales et/ou prud’homales en-dehors du secteur public.

Réuni.e.s en AGs ou en collectifs, nous nous mobilisons depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour l’amélioration de nos conditions de travail, immédiatement et à long terme, dans de nombreuses institutions (Aix-Marseille, Bordeaux, Lyon 2, Nord, Paris 1, Paris 8, Poitiers, Science Po Paris, Strasbourg, Toulouse…). Ces dernières semaines, nous nous sommes impliqué.e.s de diverses manières dans le mouvement contre la loi travail. Nous sommes déjà le futur que nous prépare la loi El Khomri. Ces situations de précarité, que la loi travail en tant qu’offensive idéologique majeure va renforcer pour l’ensemble des travailleur.e.s, du public comme du privé, ne sont pas acceptables.

Nous, précaires de l’ESR, nous nous engageons dès ces prochains jours à :
– amplifier les mobilisations locales, sectorielles des précaires de l’ESR, en les articulant avec la mobilisation contre la loi travail,
– affirmer notre solidarité avec les étudiant.e.s grévistes et parfois réprimé.e.s,
– nous mobiliser contre le projet de loi travail et pour conquérir de nouveaux droits pour les enseignant.e.s/chercheur.e.s précaires de l’ESR et d’ailleurs, et faire respecter ceux existants.

Nous avons passé du temps à partager nos expériences de travail précaire, à échanger sur nos conditions de travail dégradées. Il s’est vite imposé qu’il nous fallait à tout prix éviter l’isolement et la gestion individuelle de ces conditions de travail inacceptables ! Nous avons pour certain.e.s construit collectivement des revendications, et il reste difficile de les porter localement, pris.e.s dans les logiques d’individualisation, d’atomisation, de domination et de concurrence propres à notre situation de travail. Nous décidons alors de tout mettre en œuvre pour nous organiser collectivement et à l’échelle nationale, affirmant ainsi, malgré des réalités locales diverses, notre unité et notre solidarité.

C’est pourquoi nous appelons l’ensemble des non-titulaires de l’ESR :
– à se constituer en collectifs locaux et/ou en assemblée générale pour discuter de la mobilisation en cours et de nos conditions de travail,
– à construire des solidarités locales et nationales avec nos collègues BIATSS et enseignant.e.s-chercheur.e.s/chercheur.e.s titulaires ainsi qu’avec les étudiant.e.s, participant ainsi à visibiliser nos situations de travail,
– à discuter de l’organisation d’une première rencontre nationale des non-titulaires de l’ESR mobilisé.e.s,
– à rejoindre et diffuser cet appel, à prendre contact avec nous.

La précarité affecte nos vies. Elle est aussi au-delà des réalités individuelles un mode de gestion dramatique des institutions : la précarité est aujourd’hui une base forte de l’organisation du travail dans l’ESR qui attaque et transforme les conditions de recherche, d’étude, de travail et d’emploi.

Dès aujourd’hui, nous appelons à une première journée d’action nationale des précaires de l’ESR le mercredi 13 avril selon des formes d’actions à décider localement : semaine sans précaires, rassemblements, actions, assemblées générales, débats… il nous faut sortir des routines et des clivages habituels, investir d’autres espaces pour parler et nous écouter. Cette journée sera le point de départ de ce qui devra être une nouvelle étape dans la mobilisation des non-titulaires de l’ESR, s’appuyant sur les expériences passées de mobilisations et des organisations syndicales et professionnelles.

Premiers signataires :

  • Assemblée Générale des Précaires de l’ESR de Paris 8 et institutions rattachées,
  • Collectif des enseignant·e·s/chercheur·e·s précaires d’Aix-Marseille
  • Assemblée Générale des doctorant·e·s de Paris 1
  • Collectif des précaires de Toulouse Le Mirail
  • Collectif PAPERA (Pour l’Abolition de la Précarité dans l’Enseignement Supérieur, la Recherche et Ailleurs)
  • Assemblée Générale des doctorant.e.s et enseignant.e.s précaires de Sciences Po Paris
  • Collectif de précaires de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
  • UFR de philosophie de l’Université de Strasbourg

Appel à projets CIREX

1er avrilNous donnons crédit aux auteurs de l’appel à projets dans le cadre de l’Idex FISH. Un concept de Pierrick Martin de Sciences en Marche Toulouse réalisé par Olivier Berné,  astrophysicien dans la même ville, trahis par leur rayonnement cosmologique ! Un petit florilège des messages strasbourgeois est déjà en ligne et tous vos commentaires sont bienvenus ici :

http://sciencesenmarche.org/fr/appel-a-projet-cirex/

Sciences en Marche soutient l’appel à manifester le 9 mars contre la réforme du code du travail

A Strasbourg, 12H AMPHI CAVAILLES  (au Patio) Campus Esplanade
Manif place Kléber à 13h30

Dans l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) nous avons été témoins, ces dernières années, de l’explosion de l’emploi contractuel et de la dégradation des conditions de travail : CDD de quelques mois enchaînés pour les post-docs et les ingénieurs, paiement du salaire avec plusieurs mois de retard pour les enseignants vacataires, perspectives bien sombres pour les doctorants, avec un taux de chômage des docteurs en France de 8%, le plus élevé d’Europe. Ces conditions ont des effets délétères sur les carrières et les vies de nos collègues :  incertitudes économiques, angoisse due au manque de visibilité sur leur avenir, difficultés à concilier vie familiale et vie professionnelle, baisse de motivation… Pourtant, des solutions existent : Sciences en marche a par exemple proposé de conditionner l’obtention du crédit impôt recherche par les entreprises à l’embauche de docteurs en CDI : avec un docteur embauché pour chaque million de CIR perçu, ce sont des milliers d’emplois qui auraient été crées (le CIR représente plus de 5Mds d’euros par an). Cette réforme, qui aurait constitué un réel progrès pour l’emploi scientifique, a été rejetée par le gouvernement qui propose aujourd’hui l’augmentation de la flexibilité du travail comme solution pour résorber le chômage. De même qu’a été rejetée la demande d’un plan pluri-annuel pour l’emploi scientifique dans le secteur public, revendiqué par l’ensemble de la communauté scientifique comme indispensable au maintien d’un système de recherche et d’enseignement supérieur capable d’offrir aux générations futures un avenir de qualité.

Au-delà du seul cadre de l’ESR, nous refusons de voir l’ensemble des jeunes diplômés, que nous avons contribué à former, promis à un avenir de précarité et d’incertitude. Contre la réforme du code du travail, nous appelons donc l’ensemble des personnels de l’ESR à manifester le 9 mars pour dire “on vaut mieux que ça !”.

 

Retrouvez la liste de rassemblements sur http://loitravail.lol/rassemblements/

Questionnaire sur le devenir des non-titulaires dans l’ESR : bilan Mars 2016 et bilan d’étape octobre 2015

Affiche SEM    PRET DE 7000 !

7000, c’est le nombre de répondants au questionnaire sur le devenir des non-titulaires de l’Enseignement Supérieur et la Recherche lancé par Sciences en Marche le 11 octobre dernier.
7000 répondants, la preuve que l’attente est grande pour un vrai engagement de l’état dans l’enseignement supérieur et la recherche et pour que nos revendications aboutissent.

Parce que trouver des solutions à la précarité est une priorité pour
Sciences en Marche,
En Mars : Présentation des résultats de l’enquête sur le devenir des non-titulaires dans l’ESR
à Strasbourg et dans d’autres villes universitaires.

BILAN AUTOMNE 2015
Sciences en Marche a travaillé dès le printemps pour l’organisation d’une grande manifestation nationale unitaire à l’automne.
7000, ce n’est pourtant pas le nombre de manifestants présents sur le bitume parisien vendredi 16 octobre dernier !
A l’arrivée du cortège de cette manifestation parisienne devant le ministère des finances, une délégation de 10 membres de syndicats de personnels et étudiants, et de Sciences en Marche a été reçue pendant 1 heure 30 par, François Adam, directeur adjoint du cabinet de Christian Eckert, secrétaire d’Etat au Budget auquel se sont joints Jean-Baptiste Prévost, conseiller social et vie étudiante auprès de Thierry Mandon, secrétaire d’état à la Recherche et l’Enseignement Supérieur, (voir CR plus bas).
Quant à Strasbourg, qui compte autour de 240 inscrits à la liste Sciences en Marche locale, une quarantaine de SeM auraient voulu participer et c’est au final une vingtaine de collègues qui ont tenu les stands de la Fête de la Science OFF, cartes postales et posters ont été un bon support de discussions avec les visiteurs. Nous tenons à remercier tous les animateurs très divers qui ont animé ce OFF (voir photos plus bas).
Le débat « Production et Usage des Sciences aujourd’hui » qui se tenait au Palais Universitaire en même temps, a connu une trop faible affluence. Un petit repas du comité SeM en Novembre avec Bruno Michon, l’un des invités du débat, a tenté de comprendre comment faire du mode de production de la science telle qu’il pèse sur nous aujourd’hui un objet de débat avec les citoyens tout en le mêlant avec la vulgarisation scientifique. Car cette jonction ne s’est pas faite, que nous soyons restés trop autocentrés ou bien que nous n’ayons pas trouvé les moyens de faire comprendre que ces enjeux sont aussi ceux des citoyens. Sciences en Marche doit-il continuer sur cette voie ?
Enfin une conférence de presse co-organisée avec les syndicats en présence d’une quarantaine de collègues a permis le 16 octobre de rappeler au public les problèmes principaux de notre secteur.
Sciences en Marche a aussi travaillé sur différents modes de discussions avec les élus de la nation notamment les parlementaires:
– Proposition d’amendements sur le Crédit Impôt Recherche
– Rencontre avec les élus nationaux (à lire CR rencontre à Lyon)
– Envoi massif de courriers personnels aux élus (voir lettre de Héloïse Duché à Thierry Mandon)

De ce débat parlementaire, que reste-t-il ?
Mardi 13 octobre : rejet des amendements sur le Crédit Impôt Recherche
Mardi 27 octobre : examen du budget ESR à l’assemblée nationale (voir la lecture de la lettre de Héloïse Duché)
Vendredi 27 novembre : examen du budget de l’ESR au sénat : adoption
Mardi 12 janvier: discussion ouverte sur le Crédit Impôt Recherche au Sénat

Pour 2016, Il faut continuer d’agir car si vous ne MANIFESTEZ pas votre volonté de changements:
– est-ce que cela voudra dire que vous approuvez la précarité de nos métiers et les gâchis financiers induits par la perte des collaborateurs précaires expérimentés ?
– est-ce que cela voudra dire que vous approuvez la course perdue d’avance à la recherche de financements qui induit une perte de notre efficacité et à court terme, dans la chaîne « alimentaire » constituée de la recherche fondamentale vers l’innovation, la perte de capacité d’innovation dû à la disparition de certains chaînons de la recherche fondamentale ?
– est-ce que cela voudra dire que vous approuvez le désengagement de l’état dans les universités et les risques d’appauvrissement et d’endettement des étudiants (lire notre tribune : Investissons dans l’égalité des chances) ?

Dès à présent prévoyez de venir pour la présentation des résultats de l’enquête sur le devenir des non-titulaires dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche à Strasbourg.

écrit le 27 octobre 2015

Voila 15 jours que Sciences en Marche a lancé l’enquête « Devenir des non titulaires de l’ESR ». Nous avons recueilli à ce jour 4800 réponses venant des 4 coins de France, des DOM TOM et de tous les continents (Figure 1). Ce nombre très important de répondants illustre malheureusement l’acuité du problème. Nous aimerions vous donner une première idée du type de renseignements que nous pouvons tirer des réponses, et vous solliciter pour nous aider à amplifier encore le nombre de répondants à l’enquête.

fig 1 origines géographiques des répondants
Vous trouverez ci-dessous un premier graphique illustrant la situation professionnelle des répondants. Comme vous le verrez, deux tiers des répondants sont actuellement en contrat à durée déterminé (CDD ou vacation) et environ 400 personnes sont au chômage (Figure 2).
fig2 situation professionnelle
35% des personnes en CDD ont un contrat de moins d’un an et 55% des vacataires ont des contrats de moins de 6 mois (Figure 3).
fig3 répondant en contrat

Pour que l’analyse de ces réponses permette de proposer des solutions pour résorber cette précarité alarmante et synonyme de souffrance, il faut que les chiffres soient indiscutables et couvrent le plus grand nombre de situations possibles. Nous souhaiterions donc doubler le nombre de réponses à cette enquête et atteindre les 10000 répondants.
Nous sollicitons donc votre aide pour rediffuser cette enquête via vos contacts, vos réseaux sociaux, vos amis et vos collègues de travail.
Au nom de tou-te-s les jeunes scientifiques en situation professionnelle très délicate, nous vous remercions pour votre aide.

Lien vers l’enquête:

http://www.sciencesenmarche.org/limesurvey/index.php/619976?lang=fr

(Cette enquête a fait l’objet d’une déclaration à la commission informatique et liberté (CNIL), les données sont rendues anonymes à la réception de vos réponses)

Compte rendu de l’entretien au Ministère des Finances

Compte rendu de l’entretien au Ministère des Finances tenu à l’issue le la manifestation ESR du 16 octobre

Rédigé par P. Lemaire représentant de l’association Sciences en Marche.

A l’arrivée du cortège de la manifestation parisienne du 16 octobre devant le ministère des finances, une délégation de 10 membres de syndicats de personnels et étudiants, et de Sciences en Marche a été reçue pendant 1 heure 30 par, François Adam, directeur adjoint du cabinet de Christian Eckert, secrétaire d’Etat au Budget auquel se sont joints Jean-Baptiste Prévost, conseiller social et vie étudiante auprès de Thierry Mandon, secrétaire d’état à la Recherche et l’Enseignement Supérieur, ainsi qu’un membre plus junior du ministère des finances, qui a pris des notes sans participer à la discussion.

Le panorama des points abordés par une délégation aux points de vue multiples et complémentaires a été très large, allant de la vie étudiante (capacité d’investissement des CROUS par exemple), au financement de la recherche et des universités (entre autres, baisse des CPER, augmentation du nombre d’étudiants), aux non-recettes induites par le Crédit Impôt Recherche. Ce compte rendu ne vise pas à faire un compte rendu exhaustif de l’ensemble des discussions, mais à mettre en avant quelques éléments que j’ai trouvés particulièrement intéressants.

1) le budget de l’ESR dans la PLF2016 et le CPER.

  1. Adam conteste qu’une priorité n’est pas donnée à la jeunesse et à sa formation, et indique que dans un cadre budgétaire très contraint par la réduction des déficits publics, le soutien à l’ESR a été préservé: A la non reconduction des prélèvements sur les fonds de roulement des universités (100M€), s’ajoute un effort budgétaire supplémentaire de 65 M€. L’augmentation proposée de budget par rapport à la PLF2015 au même stade de la discussion est donc au plus de 65M€.

Aux remarques de la délégation indiquant que cette très faible hausse budgétaire n’est même pas suffisante pour compenser l’augmentation du nombre d’étudiants à la rentrée 2015 (les estimations actuelles seraient de 38000 étudiants approximativement, et non 65000 comme annoncé initialement), la réponse est qu’il est conscient que le budget proposé « ne règle pas l’ensemble des problèmes » et qu' »il n’est pas exact que tout va bien » dans l’ESR.

A la remarque que les dépenses qui ne sont pas faites aujourd’hui constituent une bombe à retardement pour le futur, F. Adam acquiesce et confirme que le budget « ne prétend pas non plus apporter une solution aux besoins dans les années qui viennent ».

  1. Adam indique ensuite que 1.2 Md€ sont disponibles sur le CPER pour la période à venir, mais n’est pas plus capable de donner les chiffres de la période précédente (~2Md€) que M. Prévost. La délégation rappelle que la baisse de budget sur le CPER de la période 2015-2020 atteint 850M€.

Pour ce qui est des gels de crédits en cours d’année, F. Adam assume la constitution d’une réserve de précaution (dont le % est plus faible dans l’ESR que dans d’autres ministères) pour faire face aux crises imprévues qui peuvent survenir. Les migrants et la crise du monde agricole sont donnés en exemple pour 2015, ce à quoi la délégation rappelle que les universités et la recherche publique sont aussi en crise, même si nous n’avons pas de tracteurs pour le montrer. La remarque n’est pas relevée.

2) Les liens étroits (et les traitements contrastés) entre budget ESR et Crédit Impôt Recherche

Du fait de la mention répétée de l’objectif de réduction des déficits publics qui contraint le budget de l’état, une partie de la discussion a porté sur l’importance d’assurer un montant de recettes suffisant à l’Etat. Le Crédit Impôt Recherche (CIR) a donc été discuté assez longuement, puisque ce dispositif est appuyé sur les chapitres 150 et 172 du budget et induit une non recette annuelle supérieure à 5Md€.

  1. Adam a confirmé que la politique du Président et du gouvernement est de « sanctuariser » le CIR (dont le seul amendement accepté en discussion de la PLF2006 a porté sur une augmentation de l’assiette). Interrogé plus précisément sur les indicateurs permettant d’affirmer que ce dispositif couteux était bien efficace alors que l’investissement R&D des entreprises stagne, F. Adam a indiqué qu’il n’était pas un « spécialiste mondial du CIR », et qu’il ne savait pas non plus qui l’était au sein du gouvernement (« Il n’y a pas des travaux d’économistes sur ce sujet? »). M. Prévost a confirmé à cette occasion que l’association Sciences en Marche, qui en a fait la demande, aurait accès à la base de données GECIR.

Une discussion intéressante s’en est ensuivie sur les différents sens possibles du verbe « sanctuariser ».

Dans le cas du budget de l’ESR, « sanctuariser » consiste à garder une enveloppe budgétaire constante, indépendamment de l’augmentation des coûts réels (augmentation mécanique de la masse salariale du fait du glissement de la pyramide des âges, ou gvt; augmentation des coûts d’infrastructure, énergétiques notamment). A titre d’exemple, aucun de nos interlocuteurs ne savait quelle était la part du budget du CNRS réellement distribué aux laboratoires comme budget de fonctionnement après soustraction des incompressibles (masse salariale, frais d’infrastructure, grands équipements, etc.). Les chiffres avancés (10 à 15% de la dotation d’état) étaient 2 à 3 fois supérieurs à la réalité (~5% ou 150 millions d’euros). Ce chiffre leur a fait prendre conscience de la fragilité des budgets des laboratoires à toute augmentation – même minime – des frais incompressibles, ou à toute diminution – même minime – de la dotation d’état. La situation est très similaire dans les universités, et explique que seule une partie des 1000 « postes Fioraso » aient été pourvus (non contesté par nos interlocuteurs), les universités n’ayant d’autre choix que d’utiliser l’argent mis à disposition dans le cadre de ce dispositif pour leur fonctionnement ou la couverture du gvt. Les tergiversations gouvernementales lors des débats PLF2015 puis la ponction des fonds de roulements en cours d’année ont de plus créé un sentiment d’angoisse au sein des présidences d’universités et des directions d’organismes, les conduisant à renforcer les mesures internes d’austérité budgétaire « au cas où ». Dans l’ensemble, la stabilité budgétaire vue du côté de l’état conduit donc à une double instabilité budgétaire du point de vue des opérateurs de l’ESR: à l’augmentation des frais incompressibles s’ajoute le sentiment de ne pas être à l’abri de mauvaises surprises en cours d’année. M. Adam a confirmé que les « Universités sont gérées de manière prudente ».

Dans le cas du Crédit Impôt Recherche, la « sanctuarisation » consiste à garder constant le pourcentage et la nature des frais éligibles remboursés sous forme de créance. Ainsi, le volume de créance suit l’augmentation des coûts réels, salariaux notamment. L’enveloppe globale n’est pas fixée et le gouvernement ne peut que partiellement anticiper le volume de non recette engendrée. De fait, la créance réelle semble continuer à augmenter (5,5Md€ budgétisés en PLF2016 contre 5,3Md€ en PLF2015). La stabilité fiscale vue du point de vue des entreprises induit donc une instabilité des recettes pour l’état.

3) La situation de l’emploi scientifique public.

La délégation fait remarquer que depuis 2006, ce sont 7000 ETPT (Equivalent Temps Plein Travaillés) qui ont été supprimés dans l’ESR. Dans le programme 150 on en est à -680, malgré « l’objectif de création de 1000 postes par an » et la mise à disposition de 3000 « supports d’emplois » depuis 2012 (voir plus haut).

Cette situation, ainsi que la stagnation de l’emploi scientifique dans le secteur privé, conduit à une perte d’attractivité des carrières de chercheurs/enseignants chercheurs. Ce phénomène est d’autant plus inquiétant que le temps de formation est long (Bac +8). Cette perte d’attractivité conduira, comme c’est actuellement le cas dans certaines filières d’enseignement secondaire, à une désaffection des éléments les plus brillants et à un déficit de candidats lorsque le gouvernement en place décidera d’augmenter le niveau de priorité de l’ESR, ne serait-ce que pour assurer un taux d’encadrement raisonnable aux nombreux étudiants supplémentaires prévus dans les années à venir par la Stratégie Nationale d’Enseignement Supérieur (STRANES).

Si le problème de l’emploi, et les dangers de la politique actuelle, semblent reconnus par le ministère des finances, aucune vision stratégique n’est fournie pour y apporter une solution.

Conclusion: un double discours allié à un déficit d’indicateurs de performance des politiques publiques, fiscales en particulier.

En préambule à la discussion, la délégation avait souligné le double discours gouvernemental actuel. D’un côté l’énoncé d’un haut niveau d’ambition pour l’ESR (STRANES, excellence de la recherche), de l’autre des propositions de budget année après année qui font s’enfoncer le secteur dans la paupérisation.

Le niveau de responsabilité des interlocuteurs ministériaux désignés, et le contenu de la discussion ont renforcé l’impression de déconnexion entre affichage médiatique et choix budgétaires.

On peut raisonnablement se poser la question de la myopie stratégique actuelle du gouvernement, puisque le budget proposé « ne prétend pas non plus apporter une solution aux besoins dans les années qui viennent », alors que le Secrétaire d’Etat à l’ESR estime que les besoins supplémentaires des universités, rien que pour le parc immobilier, sont de 10 milliards d’euros sur les 10 ans à venir, et que le nombre d’étudiants devrait progresser de plus de 10%.

La persistance à « sanctuariser » le dispositif CIR, en l’absence d’indicateurs de performance concluants d’une réforme qui a maintenant eu lieu il y a 7 ans, ne peut elle être vue que comme dogmatique. Elle pose de manière aigüe la question de la capacité de l’Etat à appliquer à ses politiques fiscales l’évaluation rigoureuse qu’elle demande à ses laboratoires de recherche et universités.

du 8 au 11 octobre Fête de la Science le OFF de SeM à Strasbourg

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Affiche Off de la SeM

 

Vendredi 16 octobre : manifestation nationale pour l’enseignement supérieur et la recherche. VENEZ A PARIS

Vendredi 16 octobre : manifestation « de l’ambition pour l’ESR » 12h15 en gilets verts à l’angle des rues Descartes et Pascal, proche fac de Droit de l’université de Strasbourg

– enquête précarité à remplir et faire circuler ici  http://www.sciencesenmarche.org/limesurvey/index.php/619976?lang=fr
– manifestation à Paris départ 14h à Jussieu ici http://sciencesenmarche.org/fr/paris/

Sciences en Marche à la rencontre du public du jeudi 8 au dimanche 11 octobre sur les stands de Sciences en Marche en OFF de la fête de la science

stand SeM OFF samedi 10 strasbourg 1 stand SeM OFF samedi 10 strasbourg 2 stand SeM OFF samedi 10 strasbourg 3 stand SeM OFF samedi 10 strasbourg 4 stand SeM OFF samedi 10 strasbourg 5 stand SeM OFF samedi 10 strasbourg 6

La fête de la Science OFF c’était aussi une table ronde suivie d’un débat citoyen « Production et usage des sciences aujourd’hui » samedi 10 octobre à 16h palais universitaire salle Louis Pasteur avec

Marie Bernadberoy, directrice de l’Association des Petits Débrouillards en Alsace, M. Serge Kauffmann, Délégué régional à la Recherche et à la Technologie, M. Jean-Marc Jeltsch, Professeur à l’Ecole supérieure de biotechnologie de Strasbourg et Vice-président Partenariats avec les entreprises à l’Université, M. Bruno Michon, sociologue et chargé de recherche et de développement à l’Ecole supérieure de travail éducatif et social de Strasbourg, M. Claude Leclerc représentant CGT au Comité économique et social d’Alsace, ainsi que deux membres du collectif Sciences en Marche, Mme Hélène Michel, Professeure de science politique et directrice du laboratoire Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe et M. Marcel Hibert, Professeur à la Faculté de pharmacie et directeur du Laboratoire d’innovation thérapeutique.

Jeudi 8 octobre :

10H30 réunion Palais Universitaire salle Louis Pasteur premier étage

12H rassemblement place Broglie  appel intersyndical à une journée nationale de mobilisation interprofessionnelle contre l’austérité et pour l’amélioration des conditions de travail dans laquelle s’inscrit pleinement la défense du service public de l’enseignement supérieur et la recherche.

pour manifester vos désarroi, colère, lassitude, découragement face à l’insoutenable légèreté de nos moyens pour assurer nos métiers de production et de transmission des connaissances, biens communs de l’humanité.