Le débat organisé par Sciences en Marche Strasbourg le vendredi 20 mars a été particulièrement riche. Il a réuni 4 invités, choisis pour leur position et actions sur la thématique « sciences et société » : Bernard Ancori, professeur d’histoire des sciences et des techniques, ancien vice-président « Sciences en société » de l’Université de Strasbourg, Mathieu Schneider, musicologue, vice-président actuel à la même fonction, Aude Bernhard, doctorante en sociologie, représentante de l’association Diaphora qui se présente comme la variante sciences humaines et sociales du Vaisseau et travaille avec des lycéens sur les questions par exemple de faits religieux, de laïcité et de tolérance et Vivien Braccini, docteur en sciences de l’éducation et représentant de l’association « Les petits débrouillards » qui se définit comme « réseau d’éducation populaire à la science et par la science ». Outre plusieurs membres du comité strasbourgeois de Sciences en Marche, une vingtaine de personnes a participé à cette rencontre-débat.
Après un bref exposé de chacun des invités sur sa vision des sciences en société, le débat s’est engagé, principalement sur les questions de médiation scientifique et les manières de promouvoir les sciences dans la société. Il s’agissait non seulement de proposer des formes de transmission des connaissances mais aussi des moyens de réduire la distance entre les scientifiques et le reste de la société.
Les membres du comité strasbourgeois de Sciences en Marche présents sont satisfaits que ce débat sur « sciences et société » ait suscité l’intérêt et la participation active de membres très divers de notre communauté universitaire. Cependant ce débat n’a pas vraiment pu articuler la question de la médiation entre scientifiques et société à celle des conditions économiques et sociales de l’activité scientifique à l’université et dans les organismes de recherche (CNRS, INSERM, INED..). Cela aurait permis de mieux faire le lien entre les 3 revendications de SeM et son action.
Sciences en Marche a pour but de sensibiliser le public aux conditions de plus en plus difficiles de réalisation de la recherche scientifique et de l’enseignement supérieur. Ces transformations renvoient tout à la fois à la baisse de la part du financement public dans la recherche, à l’impératif de trouver d’autres sources de financement essentiellement par le biais d’appels à projets définis sur un temps court, à la disparition de collectifs de recherche stables (que constituent les laboratoires) au profit d’équipes constituées ponctuellement autour d’un projet, à une conception utilitariste de la recherche scientifique, à des enseignements réduits à la transmission de connaissances plutôt qu’à la démarche critique, ou encore à la difficulté de produire un discours critique au sein de l’université. Tous ces points ont bien été soulevés lors des échanges, mais sans que l’on puisse les approfondir.
Nous avons manqué de temps pour discuter des actions que nous pourrions co-construire avec les associations et les spécialistes de Sciences et Société pour rendre compte des transformations des conditions d’exécution de la recherche et de l’enseignement supérieur auprès d’un public non académique. Nous avons des exemples d’action récentes de ce type par des scientifiques SeM lors du « Slam Sciences » des journées portes-ouvertes et Alumni de l’Université de Strasbourg les 12 et 13 mars dernier.
http://canalc2.ustrasbg.fr/video.asp?idvideo=13254
http://www.canalc2.tv/video.asp?idVideo=13264
C’est pourquoi, le comité souhaiterait mettre en place des laboratoires d’idées éventuellement ouverts aux non-universitaires, autour de thématiques comme :
– la crise de la critique,
– sciences, innovation et économie,
– les financements de la recherche,
– la précarité dans l’emploi scientifique…
Ainsi, nous proposons à toutes celles et tous ceux qui le souhaitent de participer à une réunion de réflexion qui aura un double objet : déterminer deux ou trois thématiques prioritaires à travailler et définir le mode de fonctionnement des laboratoires.