Voici quelques impressions à l’issue de la journée de mobilisation du 17 Octobre. C’est un événement important qui s’est déroulé vendredi à Paris : il y a bien longtemps qu’il n’y avait pas eu autant de monde dans la rue pour la recherche et l’université : entre 6000 et 8000 personnes selon des estimations recoupées et fiables. Les quelques strasbourgeois arrivés assez tôt étaient pourtant un peu inquiets à 14h : à peine quelques dizaines de collègues en train de s’affairer pour mettre les choses en place. La présence d’une équipe de tournage de LCI et des journalistes de France 2 et du Figaro laissaient pourtant présager une affluence inédite. Une dizaine de membres du comité de pilotage de Sciences En Marche s’affairent autour de la camionnette louée pour l’occasion : test de la sono, distribution d’auto-collants et de drapeaux. Sinon beaucoup de jeunes, précaires ou non, belle présence de la FSU et de la CGT. Des UNEF, des SNPTES et des SUDistes en petit nombre également. Les gilets verts et les drapeaux de Sciences en Marche bien sûr et beaucoup de blouses blanches… Des universitaires et des organismes… Un président d’université a fait le déplacement du Mans : Rachid El Guerjouma, président de l’université du Maine. Un académicien était dans le cortège en costume.
A 15h ce sont au moins 3000 personnes qui sont massées Porte d’Orléans et qui font une haie d’honneur à l’arrivée des cyclistes.
Prises de parole de Solange Desagher sur la camionnette SeM pour remercier tous les participants du mouvement, puis long discours de Patrick Lemaire (tout comme Solange ils ont fait tout le parcours en vélo depuis Montpellier), avec la camionnette qui avance pendant qu’il parle pour libérer de la place tant le monde afflue. Parcours atypique de la porte d’Orléans à la place Vauban derrière le dôme des Invalides, en passant par Denfert Rochereau, le bld Raspail, celui du Montparnasse et l’avenue de Villars. A mi-parcours vers 16h le cortège a doublé et fait 700 mètres de long. Beaucoup de jeunes chercheurs et de précaires, plus de labos des organismes que d’universitaires, même si Nanterre a fourni de gros bataillons et si Sauvons L’Université est là. Tout le monde est étonné de se voir aussi nombreux. Une manifestation bruyante et gaie avec des chansons et de la musique, la fanfare des jeunes de l’Ecole Normale Supérieure et des jeunes précaires qui nous chantaient leur situation sur l’air d' »Alors on dance ». Des ballons éclatés à la fin de la manif. A cette fin de manif sont venues prendre la parole les député-e-s Marie George Buffet PCF/front de gauche, Isabelle Attard, « Nouvelle donne » (ex EELV), un élu vert, Eric Coquerel du Parti de gauche. Pierre Laurent (sénateur PCF) est également venu en début de manifestation. Christian Paul, frondeur socialiste a envoyé un message de soutien. Mauvaise nouvelle qui met de la colère dans la foule : les députés socialistes et le gouvernement ont refusé tous les amendements sur le Crédit Impôt Recherche. Motif du refus la mise en cause plus ou moins complète du CIR pour refinancer le secteur et les emplois.
Prises de paroles de Alain Trautmann (directeur de recherche inserm retraité, membre fondateur de Sauvons la Recherche en 2004, élu sortant du Conseil Scientifique du CNRS), de collectifs de précaires, de Bruno Chaudret, président du Conseil Scientifique du CNRS (centre national de la recherche scientifique), du président de l’université du Mans, de Margarett Buckingham médaille d’or CNRS, de collectifs de précaires, lecture des promesses de François Hollande par Pascal Maillard (élu au Conseil d’administration de l’Université de Strasbourg et membre du comité local SeM http://blogs.mediapart.fr/blog/pascal-maillard/191014/francois-hollande-soutient-sciences-en-marche) et de quelques lettres de doléances de collègues par François Bonnarel (élu au Conseil Scientifique du CNRS et membre du comité local SeM Strasbourg) voir http://sciencesenmarche.org/fr/strasbourg/doleances/ et http://sciencesenmarche.org/fr/reflexions-et-doleances/.
Les prises de paroles étaient vraiment fortes. Vincent Goulet, le Maître de conférence qui a démissioné de l’Université de Lorraine a décrit le travail administratif de l’enseignant, l’impossibilité de faire de la recherche et la fausse excellence, les précaires de Montpellier ont très bien critiqué l’application de la loi sauvadet par les EPST et la soufrance au travail (cas d’une CDD dont le contrat vient de s’arrêter, cancer du sein vient de se déclarer et la mutuelle refuse de couvrir les frais médicaux… ). Margarett Buckingham, avec son bel accent anglais, médaille d’or du CNRS 2013, a parlé de la liberté de la recherche et des jeunes chercheurs passionnés que l’on va perdre. Cyril Catelain, le chercheur CDD 7 ans qui vient de gagner en Tribunal Administratif contre l’inserm a crié sa colère mais aussi la possibilité de jurisprudence, Lucile Greiveldinger, une ingénieure CDD, a critiqué les contrats sur projets notemment via l’ANR et son lot de précaires et ses fléaux.
La manifestation se termine donc en musique et en chanson avec l’orchestre de l’Ecole Normale Supérieure. Vous pourrez découvrir l’ambiance et davantage de détails à travers la couverture médias qui a été bonne voir :
http://sciencesenmarche.org/fr/retour-sur-le-17-octobre/