Lettre aux inscrits N°10

Bonjour,

Deux mois se sont écoulés depuis le dernier message aux inscrits de Sciences en Marche. Deux mois d’été pendant lesquels nous n’avons pas chômé. Cette lettre vous présente le bilan de notre activité de l’année passée et le programme des actions prévues pour cet automne, des actions qui ne peuvent avoir un impact que si nous sommes nombreux à y participer. Ces actions ont aussi été conçues pour que vous puissiez tous participer à au moins l’une d’entre-elles. Les points abordés dans la lettre:

1 Les résultats catastrophiques de l’appel d’offre générique de l’ANR

2 Les actions prévues cet automne,

*Les marches en région *La Fête de la science, le OFF de Sciences en Marche *Les manifestations *En un CLIC sur notre site

3 Appel à don

4 Le bilan de Sciences en Marche cette année

*La bataille pour un meilleur encadrement du Crédit d’Impôt Recherche: du progrès *Les contacts avec les politiques *Le nouveau secrétaire d’état, à première vue plus à l’écoute de la communauté académique, reçoit Sciences en Marche *Un avant-goût des mobilisations : Sciences en Marche à l’ascension du Mont-Blanc

Bonne lecture et surtout, à très bientôt dans les rues. L’arrivée du nouveau secrétaire d’Etat montre que le gouvernement est obligé de tenir compte des mobilisations du monde académique, et que les lignes commencent à bouger ; à nous d’amplifier ce mouvement et d’en canaliser la direction.

1-Les résultats catastrophiques de l’appel d’offre générique de l’ANR

Les résultats de l’appel d’offres générique de l’Agence Nationale de la Recherche sont tombés fin juillet et le taux de succès est, pour la deuxième année consécutive, inférieur à 10%, un niveau insoutenable qui place de nombreux laboratoires et équipes dans une situation financière insurmontable. Mais faut-il pour autant augmenter le taux de succès en augmentant le budget de l’ANR? Outre qu’il y a un large consensus pour dire que l’ANR marche mal, près de la moitié des crédits distribués dans le cadre de l’ANR et des programmes d’investissements d’avenir est utilisée pour recruter des chercheur-e-s, ingénieur-e-s, technicien-ne-s, administratifs sur contrats à durée déterminée, contribuant largement à l’explosion actuelle de la précarité dans notre secteur. L’augmentation significative des crédits récurrents et des postes statutaires ITAs et chercheurs que nous demandons, aurait comme effet de limiter l’emploi contractuel à un niveau acceptable, tout en augmentant le taux de succès de l’ANR en diminuant le nombre d’équipes demandeuses. Il est intéressant de constater que le pays ayant inspiré le modèle de financement principal de la recherche sur contrats, les Etats-Unis, remet actuellement en question ce système et propose, parmi les pistes, d’augmenter le nombre de chercheurs statutaires dans les laboratoires.

Notre analyse des résultats de l’ANR a donné lieu à un communiqué de presse sur l’ANR.

Depuis ce communiqué, Sylvestre Huet à Libération a fait état sur son Blog {Sciences}2 de plusieurs démissions au sein de l’ANR (l’ANR, le ministre et les démissionnaires) dont celle rendue publique du président du comité de Physique sub-atomique, Science de l’Univers, Structure et histoire de la Terre. Les problèmes de financement et de fonctionnement de cette coûteuse agence sont symptomatiques des dérives d’un système qui repose trop fortement sur le financement par projet.

2-Les actions prévues cet automne
Les marches en région

Comme l’année dernière, le départ des actions Sciences en Marche de l’automne sera donné au Pic du Midi, le dimanche 4 octobre : pour les cyclistes, départ de Bagnères de Bigorre à 10h, et pour tous pique-nique au col du Tourmalet à 12h puis randonnée pédestre jusqu’au sommet.

Si vous désirez organiser une action dans votre région ce week-end du 3-4 octobre ou le suivant, dites le nous!

La Fête de la Science, le OFF de Sciences en Marche du 5 au 11 octobre 2015

Il s’agit d’aller à la rencontre du public pour expliquer l’importance des sciences dans nos sociétés, et la passion qui nous anime, mais aussi pour montrer que les sciences ne sont pas à la fête!

Les formules adoptées dépendent des villes. Clermont, Lyon, Montpellier, Paris, Strasbourg et Toulouse sont déjà avancés dans l’organisation et vous retrouverez leur programme sur la page web des comités de chacune de ces villes. Il n’est pas trop tard pour organiser une action ponctuelle mais visible dans votre ville si cela n’est pas encore fait (notamment à Bordeaux, Grenoble, Lille, Marseille, Nancy, Nice, Paris Sud, Tours, dans le Finistère et à Roscoff où nous avons beaucoup d’inscrits).

Le samedi 10 octobre verra la mise en place de débats, d’apéritifs citoyens, de flashmobs militants et de marches locales.

Les manifestations
  • Nous appelons à participer à la journée nationale interprofessionnelle du jeudi 8 octobre contre la politique d’austérité puisque c’est à elle que nous devons, de l’aveu même de notre secrétaire d’Etat, le refus du gouvernement de donner à l’ESR les moyens dont nous avons besoin pour accomplir nos missions.
  • Le vendredi 16 octobre: Journée nationale sur l’ESR en partenariat avec l’intersyndicale. Un cortège important est prévu sur Paris, des bus seront affrétés localement, là où les moyens sont disponibles. Là encore, contactez vos comités locaux.
  • Nous nous inviterons aux débats budgétaires qui auront lieu en novembre et décembre à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Mais, là, chuuuut, les actions de masse prévues resteront secrètes jusqu’au dernier moment. Tout ce que nous pouvons vous dire est que ce sera militant, convivial et visible. N’hésitez pas d’ailleurs à nous envoyer des idées pour compléter les nôtres !
En un CLIC sur notre site

A REMPLIR: Nous avons réalisé deux questionnaires en ligne visant à établir un état des lieux de la précarité dans l’ESR et de l’avis des directrices/teurs de structures de recherche sur la situation dans les laboratoires. Le but est d’avoir des éléments d’information précis et chiffrés lors des discussions avec les politiques et le public.

Le formulaire en ligne sur la précarité sera disponible ici dans quelques jours. Encouragez les collègues concernés autour de vous à le remplir! Du nombre de réponses dépendra la crédibilité des analyses des résultats de ce questionnaire.

Le questionnaire aux directrices et directeurs de structures leur sera envoyé directement dans les jours qui viennent.

A SIGNER: Nous sommes signataires de la pétition citoyenne initiée par l’Intersyndicale ESR « l’emploi scientifique et l’enseignement supérieur, des objectifs prioritaires » que vous pouvez lire et signer ici. Plus de 2000 personnes l’ont déjà signée, ajoutez votre signature et faites signer autour de vous: les signatures du public sont particulièrement importantes et pourront être collectées lors du OFF de la Fête de la Science.

A VOS PLUMES: Léo Szilard, entre autre l’un des initiateurs de la création du Laboratoire européen de biologie moléculaire dont la bibliothèque porte son nom, nous a inspiré par sa fiction visionnaire « les Dauphins », nous vous proposons de publier de courtes nouvelles littéraires sur notre travail quotidien, une façon ludique d’attirer l’attention du grand public sur notre passion pour les sciences et les difficultés que nous rencontrons. La première de ces nouvelles est ici. Soumettez-nous vos nouvelles.

A TELECHARGER, AFFICHER, DISTRIBUER: Vous pouvez trouver des tracts et affiches en libre service sur notre site ici.

3- Appel à don

Nos actions ont un coût, que nous essayons de maintenir au plus bas niveau possible. N’hésitez pas à y contribuer par un don à la hauteur de vos moyens, online ou par chèque à l’ordre de Sciences en Marche (à envoyer à Frédérique Brockly, IGMM, UMR5535, CNRS, 1919 route de Mende, 34293 Montpellier cedex 05) ou par virement bancaire (Sciences en Marche, IBAN : FR76 3007 7041 4928 8850 0020 032; BIC : SMCTFR2A).

4- Le bilan de Sciences en Marche cette année

Grâce à la mobilisation de l’automne 2014 les sciences et la place du monde académique dans la société sont redevenues un thème politique et Sciences en Marche a acquis une visibilité qui nous a permis d’influer sur plusieurs fronts.

La bataille pour un meilleur encadrement du Crédit d’Impôt Recherche: du progrès.

Une délégation de Sciences en Marche avait été auditionnée en mars par la commission d’enquête sénatoriale sur « la réalité du détournement du crédit d’impôt recherche de son objet et de ses incidences sur la situation de l’emploi et de la recherche dans notre pays » (sic) (voir la lettre aux inscrits n° 8). Les travaux de cette commission se sont terminés le 9 juin par le rejet par la Commission du rapport établi par la sénatrice Gonthier-Maurin (PC). Le rejet d’un tel rapport est un évènement exceptionnel (le premier cas depuis près de vingt ans), qui illustre la nervosité des parlementaires sur ce sujet. La programmation par France 2 d’un documentaire sur l’existence de filiales fantômes permettant à Renault d’accroitre ses créances CIR (documentaire que Renault a décidé de pas contester devant les tribunaux) et le rapport de SeM semblent avoir joué des rôles importants dans l’enterrement de ce rapport et des compte-rendus d’auditions par la commission. Nous avons publié une tribune dans le supplément Sciences et Techno du Monde du 22 juin qui présentait notre analyse de ce fiasco. Vous pourrez la retrouver ici.

Depuis quelques semaines, la situation semble enfin évoluer. Le désir de Thierry Mandon de conditionner l’octroi du CIR à la création d’emplois de docteurs en entreprise se retrouve dans le rapport sur le Stratégie Nationale de l’Enseignement Supérieur publié début septembre. C’est le premier document officiel, signé de deux ministres, qui propose une modification de ce dispositif.

Mais il a aussi été suggéré qu’une partie de l’argent du CIR pourrait retourner dans les caisses de Bercy sans pour autant abonder le budget de l’ESR. A nous de maintenir, par nos actions publiques, la pression pour que la question du CIR ne soit pas escamotée lors des discussion budgétaire, que des amendements de réforme du dispositif soient déposés et adoptés et que le budget de l’ESR soit abondé par le supplément de recettes engendré par la réforme du CIR.

Les contacts avec les politiques

Comment influer dans le débat politique? La forte mobilisation de la communauté académique de l’automne dernier nous a permis de nous faire entendre dans le débat sur le CIR et de commencer à réfléchir avec nos soutiens politiques aux meilleurs moyens d’influer, en parallèle des mobilisations publiques, sur le débat parlementaire. Il en ressort d’une part que la majorité des parlementaires ont une culture scientifique superficielle qui ne leur donne pas une perception suffisante des enjeux scientifiques, et les rend vulnérables aux actions de lobbying, industriel notamment. Il est donc important d’expliquer notre travail, son organisation et son impact sociétal et économique aux groupes parlementaires. Elen Riot (SeM Reims) a ainsi participé à l’université d’été d’EELV, plusieurs parlementaires et plusieurs responsables politiques contactés au cours de l’été nous recevrons à l’automne.

Le nouveau secrétaire d’état, à première vue plus à l’écoute de la communauté académique, reçoit Sciences en Marche

Suite à la démission de Geneviève Fioraso, et après trois mois de vacance à la tête de l’Enseignement supérieur et la Recherche, Thierry Mandon a été nommé Secrétaire d’Etat à l’ESR le 17 juin 2015.

Thierry Mandon a une formation de juriste et sociologue. Il connait bien les problématiques de mille-feuille administratif, de par ses fonctions précédentes de secrétaire d’état à la simplification de l’état. Il a été président du Génoscope à Evry, et rapporteur du budget ESR 2013. En 2014, il a permis l’organisation au sénat d’une réunion organisée par les pétitionnaires « anti-Fioraso ». C’est donc un homme politique qui connait le monde académique et sa situation actuelle. Si le cabinet de G. Fioraso a été reconduit, il a été élargi à deux figures du monde académique: Bertrand Monthubert, président de Toulouse 3, et Pascale Laborier, professeure de science politique à Nanterre et première signataire de la pétition citée plus haut.

Nous avons publié une lettre ouverte à Thierry Mandon, relayée par le Blog {Sciences}2 de Sylvestre Huet à Libération où nous dressions un constat sans concessions de l’état de l’ESR et des mesures qui s’imposent. Suite à cette tribune, nous avons été invités à échanger avec le secrétaire d’Etat et son équipe, un entretien dont vous trouverez le compte rendu sur le site de SeM.

Lisez-le, vous verrez que le discours a changé à la tête de l’ESR, que le secrétaire d’Etat ne conteste pas notre analyse, et qu’il affirme vouloir trouver des solutions à court terme au problème urgent de la précarité dans notre domaine de recherche. Ce qui est envisagé inclut la création de postes statutaires en anticipation des départs en retraite des années à venir, une CDisation accrue dans les grands sites universitaires, une réflexion sur le recrutement contractuel dans le cadre de contrats ANR/Programmes d’Investissements d’Avenir, un conditionnement du Crédit d’Impôt Recherche à l’emploi de docteurs dans les entreprises privées, et une réflexion sur l’emploi des docteurs dans les fonctions publiques hors ESR. Ces intentions sont certes la marque d’une volonté de montrer qu’on nous écoute, mais restent pour le moment… des annonces qui devront être rapidement confortées par des mesures concrètes. Le problème de l’application souvent paranoïaque des lois Sauvadet et Le Pors par les organismes de recherche n’a pas trouvé de réponse. Et la question des moyens nécessaires à leur application complète reste entière.

Le secrétaire d’Etat affirme vouloir se battre pour le budget de l’ESR, et l’issue de la bataille budgétaire sera un test crucial de notre capacité à faire bouger le gouvernement et de la volonté gouvernementale de changer de cap en matière d’ESR. Si Thierry Mandon estime que plusieurs milliards d’euros sont nécessaires rien que pour mettre en état l’immobilier universitaire, il n’a pas été question du plan à 2 milliards d’euros annuels que nous estimons nécessaire pour redonner une attractivité aux carrières scientifiques dans l’ESR, et pour renforcer les budgets récurrents des laboratoires et des universités. Ces décisions sont du ressort du premier ministre et du Président, et c’est donc eux que notre mobilisation doit amener à changer de cap.

Les actions de l’été: Sciences en Marche au sommet de l’Europe.

Dans la tradition de combiner des actions revendicatrices avec des actions sportives plus symboliques, nous avons déployé des banderoles sur le parcours du Tour de France.

Le jour où nous étions reçus par Thierry Mandon, un groupe de 8 SeMien-ne-s de disciplines et de villes différentes, réunies par un commentaire dans notre sondage de fin de printemps se lançait à l’assaut du toit de l’Europe. Vous pourrez trouver le compte rendu de l’ascension et de splendides photos sur notre site.

Si vous désirez organiser une action, même symbolique, qui permette à la fois de renforcer la cohésion au sein de la communauté académique et de donner une image dynamique des scientifiques, n’hésitez pas à nous en faire part : nous la relaierons avec plaisir auprès de nos contacts.

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